Gabon Matin vous livre l’intégralité du discours à la Nation prononcé ce jeudi soir par Ali Bongo à l’occasion de la fête nationale du Gabon, célébrée ce 17 août.
Mes chers compatriotes,
Notre Nation célèbre aujourd’hui le 58ème anniversaire de son accession à l’indépendance. Une indépendance qui s’inscrit comme l’acte libérateur où notre peuple a affirmé son droit à la liberté politique, économique et culturelle.
L’indépendance, gage de souveraineté, grâce à laquelle nous pouvons choisir notre propre voie, notre propre destin. Pour un pays, pour une nation, c’est le droit le plus fondamental, le plus absolu. C’est aussi une responsabilité. La plus grande des responsabilités. Une responsabilité à la fois individuelle : chaque Gabonaise, chaque Gabonais a des devoirs. Et une responsabilité collective : tous les Gabonais doivent aimer leur patrie et cultiver leur attachement à la terre, aux symboles, aux traditions, aux grands hommes comme à tous les autres car notre communauté est une et indivisible. Il n’y aurait pas, comme voudraient le penser certains, un bon Gabon et un mauvais Gabon. Il n’y a qu’un seul Gabon. Aimons-le ! Chérissons-le ! Préservons-le !
Ce 17 août est aussi un jour de fête. Le jour de notre fête nationale. Un jour où nous célébrons ensemble, tous ensemble, réunis par l’amour de la patrie, les valeurs républicaines d’union, de travail et de justice. Car oui, il y a un lien entre le pays, la patrie et la République.
Le pays est le berceau de notre patrie, et la patrie est socle de notre République, construction collective qui part du passé et va vers l’avenir. Un avenir que nous souhaitons tous meilleurs, pour nos enfants, nos parents, nos voisins, nos concitoyens.
Le mot Patrie, évoquait pour les anciens, « la terre des pères », la terre des ancêtres. La patrie était pour chaque homme, la part de sol que sa religion domestique ou nationale avait sanctifiée. L’amour du Gabon, l’amour de la patrie est le meilleur garant de la défense de notre République.
A l’heure où nous devons plus que jamais magnifier notre patrie, célébrer notre indépendance et rechercher dans notre vécu commun, les ressorts de notre passion pour le Gabon, force est de constater que certains compatriotes, de plus en plus nombreux hélas, se laissent tenter par les idées populistes, irresponsables et dangereuses, qui au nom d’un prétendu nationalisme, prônent le repli sur soi et le rejet de l’autre, du seul fait de ses origines.
Les idées prétendument nationalistes partout où elles ont prospéré n’ont conduit qu’à la ruine et à la désolation des peuples. C’est en effet au nom des nationalismes que le monde bascula dans les deux grandes guerres, avec le cortège d’horreur que l’on sait.
Ce sont également les idées nationalistes qui ont conduit, à l’intérieur d’un même pays aux génocides et aux épurements ethniques.
En effet, se fondant au départ sur le rejet de l’étranger par la préférence nationale, le nationalisme finit par se muer en préférence provinciale ou religieuse, pour finir en préférence ethnique ou tribale. Toutes choses qui diffèrent du patriotisme. Alors que le nationalisme est le rejet de l’autre au nom de la nation, le patriotisme est au contraire l’acceptation et l’implication de l’autre, quelles que soient ses origines, dans l’œuvre de construction de cette même nation.
Lorsque le président Léon Mba disait « Gabon d’abord », il n’entendait nullement le rejet de l’autre.
Par cette affirmation très forte, le père de l’Indépendance entendait placer le Gabon au-dessus de toutes autres considérations.
Il entendait également par-là que ceux qui ont choisi le Gabon comme leur pays, doivent de même magnifier, célébrer leur nation et contribuer à son développement.
C’est pourquoi le président Omar BONGO ONDIMBA pouvait dire « lorsqu’un étranger nous apporte sa force de travail, apportons-lui notre amitié en retour ».
Ce 17 août est le jour de l’indépendance du Gabon. C’est aussi le jour de la fierté gabonaise. Une fierté à l’image de notre souveraineté : pleine et entière. Alors, je pose une question : si le Gabon est partout respecté dans le monde, pourquoi ne le serait-il pas chez nous ? Parfois, certains de nos concitoyens sont tentés de vilipender leur pays. Ce faisant, ils se mettent hélas d’eux-mêmes en marge de la communauté nationale, en marge de cette grande entreprise de construction collective de l’avenir en commun. Et, ils affaiblissent la Nation.
Mes chers compatriotes,
Le 17 août est pour moi, doublement, un jour de joie. Non seulement parce qu’il s’agit de notre fête nationale. Mais aussi parce qu’il me donne l’occasion de m’adresser à vous, directement et en toute franchise.
Il me semble que ce qui fait avancer toutes les sociétés humaines, c’est leur capacité à avoir un double rapport avec l’héritage légué par les générations précédentes.
Ce double rapport, c’est d’un côté la préservation de ce qui constitue les éléments positifs et forts de notre identité, quelle que soit l’époque ; et d’un autre côté la rupture avec des manières de penser et d’agir du passé, qui doivent permettre à notre société de s’adapter à un nouveau contexte, d’évoluer et d’écrire de nouvelles pages de notre histoire collective.
Lorsque je me suis présenté devant vous en 2009 puis en 2016 pour assumer la responsabilité de la Présidence de la République, je vous ai fait part des ruptures qui me semblaient nécessaires pour garantir notre avenir commun.
La première de ces ruptures est celle qui doit voir notre société et notre économie passer d’un modèle de rente et d’extraction à un modèle de production.
La crise que nous avons vécu ces quatre dernières années nous a montré la pertinence de ce diagnostic, ainsi que la nécessité d’aller encore plus loin dans la mise en œuvre des solutions que nous avons préconisées.
Nous savons tous que le chemin qu’il nous reste à parcourir ensemble est encore long. Nous pouvons tous les jours constater à quel point notre système offre de nombreuses opportunités d’entreprendre, d’améliorer et de créer des solutions innovantes. Ne faisons pas la fine bouche devant les avancées significatives que nous avons réalisé ces dernières années.
Je songe en particulier au fait que le Gabon s’est imposé comme le premier exportateur africain de feuilles de placage, de contreplaqués et de bois sciés. Notre filière industrie du bois crée en moyenne 1000 emplois par an, dont de nombreux emplois qualifiés dans les nouvelles usines qui ouvrent leur porte, notamment dans la Zone Industrielle de Nkok.
Cette zone industrielle a d’ailleurs été primée comme l’un des meilleurs exemples africains d’industrialisation réalisé ces dernières années en Afrique.
Autre motif de satisfaction, la courbe de l’emploi repart à la hausse. Au premier semestre 2018, 5177 emplois ont été créés suivant les déclarations adressées par les entreprises à la CNSS. Cela nous laisse penser que notre objectif de créer 10 000 emplois par an sur une période de trois ans est à portée de main, si nous poursuivons nos efforts. Ainsi, si cette dynamique se confirme, notre secteur privé emploiera de nouveau plus de personnes que notre secteur public, ce qui sera un nouveau signal de la transformation structurelle de notre économie.
Autre symbole fort : nous sommes en train d’inverser la dynamique de l’exode rural, en redonnant des perspectives attrayantes dans les villes secondaires à l’intérieur du pays. L’opérationnalisation du Fonds d’Initiatives Départementales viendra consolider cette dynamique, avec le financement des initiatives économiques lancées sur le terrain par les acteurs économiques et institutionnels qui pourront s’appuyer sur cet outil pour accélérer le développement de leur territoire.
Mes chers compatriotes,
La seconde rupture que nous portons est le combat pour l’égalité des chances. Malgré les principes fondateurs de notre modèle républicain, qui pose que toutes les gabonaises et tous les gabonais sont égaux en droit, notre société a historiquement érigé des passe-droits et avantages indus entre vieux et jeunes, hommes et femmes, personnes privilégiées ayant accès à des responsabilités contre personnes sans relations.
Nous savons tous que ces comportements sont condamnables et handicaperont notre développement. J’ai décidé de placer l’égalité des chances au cœur du projet présenté en 2016. J’ai commencé à traduire ces engagements en acte, avec la nomination de jeunes cadres méritants à des positions de responsabilité, en soutenant l’accès aux responsabilités des femmes, en universalisant l’accès aux soins de santé et en promouvant, en toute circonstance, la méritocratie. J’entends poursuivre et accentuer ce mouvement.
L’égalité des chances, c’est aussi s’assurer que nos ressources limitées servent à ceux de nos compatriotes qui en ont le plus besoin : les personnes âgées, les veuves, les orphelins, les personnes malades qui doivent se faire soigner et acheter des médicaments, les enfants qui comptent sur l’éducation de l’école publique pour améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs parents, les personnes isolées qui ont besoin que l’ambulance ou les assistantes sociales viennent à eux, aux femmes sans moyens qui ont le droit d’accoucher dans la dignité.
En période de recherche d’une meilleure efficacité budgétaire, nous devons soit renoncer à notre devoir de solidarité, soit accepter de porter les réformes douloureuses mais nécessaires pour lutter contre les gaspillages et les dépenses moins opportunes que d’autres.
J’ai fait le choix de renforcer notre politique sociale et de lutter contre les gaspillages, et j’assume cette position.
J’ai fait le choix d’imposer la gratuité des frais d’accouchement, de rééquiper les écoles publiques et d’éclairer des quartiers laissés à eux même. Pour financer ces mesures, j’ai demandé à ce l’on paie seulement les salaires des fonctionnaires qui travaillent réellement et sont présents à leur poste, et de supprimer les doubles salaires et les avantages indus.
J’assume totalement cette position.
Certains de mes détracteurs m’ont accusé de folie d’engager ces réformes à quelques mois d’un scrutin électoral. Ils ne sont pas le Chef de l’Etat et ils n’assument pas mes responsabilités. Je dois répondre du bien-être de tous mes concitoyens et je suis prêt pour cela à endosser la responsabilité de réformes parfois impopulaires mais que j’estime nécessaires à notre bien collectif.
Je serai jugé par vous et par l’histoire. J’entends, avec les gabonais de bonne volonté qui partagent ma vision de notre avenir collectif, préserver les acquis de notre héritage national, engager les ruptures indispensables qui garantiront le maintien et le développement de notre rang dans l’espace mondial, et écrire de nouvelles pages glorieuses de notre histoire nationale.
Mes chers compatriotes,
Le Gabon est engagé résolument sur la voie de la réforme. Un mouvement d’une ampleur inédite qui nous guide vers un tout autre chemin. C’est pour cela que je parle de rupture. Cette rupture n’est pas simplement l’accumulation de réformes, fussent-elles profitables. C’est surtout une révolution des pratiques : la bataille contre le gaspillage qui doit cesser, la lutte contre la corruption que je compte éradiquer, le combat contre la mauvaise gouvernance que j’entends stopper. C’est également une révolution des mentalités : la fin de la culture du tout m’est dû, le recul d’un certain penchant pour l’oisiveté, la disparition de la culture du tout-fonction publique ou encore celle du tout attendre de l’Etat.
Lutter contre ces fléaux est fondamental. Car, mis bout à bout, ils tirent notre pays vers le bas. Ils nous entraînent vers l’abîme.
Or, comme le disait feu Son Excellence le Président Omar Bongo Ondimba, “nous n’avons pas le droit de faire du Gabon ce que nous sommes en train de faire”. Gabonaises, Gabonais, réveillons-nous !
C’est cette prise de conscience qui est à l’origine de la mise en œuvre des mesures initiées depuis le début de l’année.
A commencer par le retour à une gestion plus rigoureuse. Une réforme indispensable mais qui se heurte à certains corporatismes, à certains archaïsmes. Prenez le débat sur la mise sous bons de caisse des agents publics. Une réforme, en apparence technique. En réalité, une véritable rupture car elle doit, pour la première fois au Gabon, nous amener à vérifier que ceux qui perçoivent une rémunération sont réellement au travail, au service des Gabonaises et des Gabonais. Même chose avec les fiches de présence mises en place progressivement qui doivent nous aider à réduire considérablement l’absentéisme au sein de notre administration publique. Eh bien, pour certains, une infime minorité, ces décisions qui sont bonnes pour les Gabonaises et les Gabonais, nous ne devrions pas les appliquer. Au moment où légitimement les Gabonais se plaignent du manque d’efficacité de leurs services publics, on refuserait les efforts qui permettraient d’améliorer la performance de ces services publics.
Ces blocages, signes d’un conservatisme, fussent-ils le fait d’une minorité, sont d’autant plus injustifiables qu’ils visent, d’une part, à défendre les intérêts de quelques-uns au détriment du plus grand nombre.
Ils sont le fait de ceux qui, ayant manifestement la mémoire courte, ont bénéficié d’une augmentation de près de 30 % de leur rémunération pour certains.
Depuis, y a-t-il eu amélioration de la qualité du service au public alors que les agents de l’Etat ont été fortement augmentés ? Hélas, chacun peut constater que non. Prenons le cas des médecins fonctionnaires. Pourquoi font-ils grève ? Pour l’amélioration du service au sein de l’hôpital ? pour une meilleure prise en charge des patients ? Est-ce pour les Gabonais qu’ils bloquent le fonctionnement de l’hôpital ou pour leurs intérêts ? Est-ce pour les gabonais que certains médecins détournent le matériel et les médicaments pour les revendre au prix fort dans les cliniques privées ? Et pourtant on n’a jamais construit autant d’hôpitaux de dernière génération que depuis 2009.
Et en ce qui concerne certains de nos magistrats, observe-t-on une plus grande célérité dans le traitement des dossiers des justiciables depuis qu’eux aussi ont bénéficié d’une revalorisation salariale ? Ne nous voilons pas la face. Chacun, en réalité, connait la réponse. Ceux qui se posent aujourd’hui en victime ou, mieux, en défenseurs du service public en sont en réalité les bourreaux. Ceux-là voudraient que rien ne change car, pensent-ils, il n’en va pas de leurs intérêts. Mais l’intérêt général, l’intérêt des Gabonaises et des Gabonais, s’en soucient-ils ? Ici aussi, chacun connaît la réponse. Les Gabonais doivent se lever contre cela, contre ses réflexes corporatistes qui les privent d’une vie quotidienne normale et d’un meilleur avenir.
Mes chers compatriotes,
La rupture pragmatique que j’appelle de mes vœux, et qui ne pourra être menée sans votre appui résolu et déterminé, c’est une lutte qui oppose deux camps : d’un côté, les privilégiés et actionnaires du statu quo et de l’autre les partisans du progrès. En ce qui me concerne, j’ai choisi mon camp.
Gouverner, c’est prévoir. Gouverner, c’est tenir un langage de vérité - dénoncer ce qui ne fonctionne pas - et prendre ses responsabilités pour y remédier. Nous ne pouvons pas continuer à dépenser plus que ce que nous gagnons. Nous ne pouvons pas laisser la masse salariale de l’Etat sans cesse augmenter. Sinon quoi ? Est-ce nos enfants qui paieront ? Car le fardeau de la dette, il faudra bien le supporter.
Et si on ne rembourse pas cette dette, un jour, nos partenaires, qui nous ont accorder leur confiance, risqueraient de nous la retirer. Voilà la réalité.
Le plan d’optimisation des finances publiques était donc nécessaire, indispensable. A la Présidence de la République, j’ai pris la décision difficile de me séparer de près de 40% de personnels nommés. Pour beaucoup d’entre eux, des collaborateurs de grande valeur, à l’expérience et à la fidélité reconnue, et pour certains qui brillaient par leur absentéisme tout en conservant leur rémunération. Il en va de même pour le gouvernement et l’administration centrale.
La réduction du train de vie de l’Etat touche donc d’abord le sommet de l’Etat. C’est ça l’exemplarité. C’est ça la justice, c’est ça l’équité. Ceux qui ont le plus contribuent le plus. A contrario, aucun, je dis bien, aucun agent de l’Etat percevant moins de 650.000 FCFA ne sera mis à contribution.
L’essentiel de l’effort en matière d’assainissement des finances publiques reposent sur les plus hauts salaires, comme en témoigne la contribution de solidarité sur les hauts revenus qui sera mise en place conformément à ce qui a déjà été annoncé.
Ces réformes, nous les mènerons à leur terme. Nous sommes déterminés. Je suis déterminé, car nous sommes sur la bonne voie. J’en veux pour preuve, notre stratégie a été saluée sans ambiguïté par le FMI et encouragée par les autres bailleurs internationaux.
S’il y a lieu de s’en féliciter, loin de moi l’idée de m’en contenter. Tout sera fait pour atteindre nos objectifs : à savoir rééquilibrer nos finances publiques, relancer la croissance et créer des emplois.
J’ai donc instruit ceux qui interviennent dans la mise en œuvre de ces réformes de redoubler d’efforts et d’accélérer le rythme.
Nous irons jusqu’au bout de notre réforme, quand bien même une infime minorité tente d’en perturber la mise en œuvre. Ces professionnels de la contestation se reconnaîtront. A ceux-là, je voudrais dire que la démocratie, ça n’est pas la rue, la démocratie, c’est le dialogue, y compris le dialogue social. Que ceux qui contestent fassent assaut de meilleures propositions pour améliorer et réformer, qu’ils soient réellement les agents de changement qu’ils prétendent être et ils nous trouveront à leurs côtés pour faire avancer le pays.
Mes chers compatriotes,
Privilégier l’intérêt général sur les intérêts particuliers, y compris ceux des multinationales, c’est aussi garantir l’accès à l’eau et à l’électricité.
En février dernier, vous vous en souvenez, nous avons dû procéder à la réquisition d’usage de la SEEG pour des raisons d’intérêt général car la qualité du service ne cessait de se détériorer.
Depuis, ce sont des équipes gabonaises qui gèrent l’entreprise et la redresse peu à peu. La situation, si elle n’est pas totalement satisfaisante, s’améliore néanmoins. Comme quoi, nous avons des compétences et des savoir-faire qu’il nous faut valoriser.
Maintenant, nous allons trouver les meilleurs partenaires et investisseurs possibles pour nous permettre d’atteindre la qualité de services que les gabonais sont en droit d’attendre, nous allons redoubler d’efforts.
Mes chers compatriotes,
Défendre l’intérêt général, c’est de manière évidente prendre en compte vos préoccupations les plus prioritaires au quotidien.
Souvenez-vous le 31 décembre dernier. Je vous disais que trois principes guideront, en 2018, mon action et ma détermination à agir pour changer votre quotidien. Il s’agit du triple sens des priorités, de l’efficacité et du concret. C’est cette vision que j’insuffle depuis dans la conduite de la nouvelle action publique dans notre pays.
D’abord, le sens des priorités, parce qu’il ne faut pas se disperser. Le temps est par définition limité et je veux agir dans les domaines les plus prioritaires pour vous : l’emploi, l’éducation, la santé, le logement, l’accès à l’eau et à l’énergie par exemple.
Ensuite, l’efficacité car les actions menées doivent avoir une réalité dès cette année. Pas dans cinq ans ni même dans trois ans. Cette année !
Enfin, le concret, parce que chacun d’entre vous doit pouvoir dans son quotidien constater, voir de ses yeux une amélioration.
Sur cette base, je m’étais engagé à mettre en œuvre des mesures fortes dans des domaines où les besoins de nos compatriotes sont les plus urgents, les plus prenants. Depuis le début de l’année, certaines de ces mesures sont déjà entrées en application. C’est le cas notamment de la mesure sur la gratuité des accouchements qui a bénéficié à 14000 personnes, de l’installation des lampadaires solaires pour lutter contre l’insécurité, la rénovation de nombreuses écoles, le démarrage effectif du Fond d’initiatives départementales, les cliniques mobiles dont les premières arriveront d’ici quelques jours.
Pour d’autres en revanche, des lenteurs ont été observées dans l’exécution. Mais, je puis vous assurer que le cap est maintenu et que celles-ci seront à leur tour pleinement mises en œuvre au cours de cette année.
Mes chers compatriotes,
Défendre l’intérêt général, préserver l’intérêt des Gabonaises et des Gabonais, protéger les intérêts du Gabon en tant que Nation, c’est avant tout chercher à garantir son avenir.
Il est un domaine en particulier où cette transformation est indispensable, car les choses doivent radicalement changer : c’est l’Education.
Au Gabon, l’Education, je n’ai pas peur de le dire, est sinistrée. Dans ce domaine, nous allons de Charybdes en Scylla ou, si vous préférez, de mal en pis. Des exemples ? Aucune mention très bien, ni aucune mention bien au baccalauréat cette année. De manière générale, les résultats 2018 du Baccalauréat sont à peine moins catastrophiques que ceux de 2017. ! Face à cette situation, en homme d’Etat, je dois me poser la question : devons-nous continuer ainsi ? Est-ce cette éducation nationale que nous voulons ? Naturellement non. Il faut révolutionner le système. Il en va de l’avenir de nos enfants. Il en va de notre avenir à tous en tant que Nation.
Nous devons réfléchir aux indispensables réformes structurelles, à mettre en place pour faire en sorte que les Gabonaises et les Gabonais soient bien formés et puissent intégrer le marché de l’emploi. C’est d’autant plus nécessaire que la bonne formation de nos élèves contribue à l’attractivité des investissements extérieurs et donc une condition de l’accélération de la création d’emploi dans notre pays.
L’éducation du primaire au supérieur en passant par la formation professionnelle constitue une priorité vitale pour notre pays.
Au passage, posons-nous directement la question de l’efficacité actuelle du système des bourses. Des sommes considérables y ont été investies avec des résultats plus que médiocres au fil des années. Rendez-vous compte c’est plus de 600 milliards de FCFA qui ont été dépensé entre 2012 et 2018 pour 800 000 bourses distribuées et pour quels résultats. Non seulement le Gabon est l’un des pays en Afrique qui dépense le plus pour ses étudiants boursiers sans que les résultats ne soient au rendez-vous, mais en plus l’orientation pose problème : 70 % des bourses sont octroyées dans des filières littéraires ou dans les humanités alors que nous avons davantage besoin de former les jeunes gabonais dans les filières techniques, professionnelles ou scientifiques pour renforcer l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins sur le marché de l’emploi.
Face à ce constat, chaque Gabonaises, chaque Gabonais se rend bien compte que la priorité n’est pas aux revendications salariales dans l’Education Nationale. Plutôt que de revendiquer régulièrement des augmentations de salaires, de lancer des mots d’ordre de grève, les enseignants, qui ne sont pas les oubliés de la République, devraient d’abord se soucier de l’avenir de nos enfants.
Ils devraient se demander de quoi nous avons besoin pour mieux éduquer la jeunesse gabonaise, pour mieux la former et pour lui donner les compétences nécessaires pour occuper les emplois d’aujourd’hui et de demain.
Notre système éducatif est en panne. Nous devons le réformer. J’en appelle ici comme ailleurs à une transformation en profondeur car tout doit être remis à plat. Des mesures fortes et immédiates seront prises !
Tout d’abord, une réforme des conditions d’obtention de la bourse. Celle-ci sera désormais attribuée sur la base de critères sociaux et académiques, autrement dit au mérite et en tenant compte des revenus des parents. Une limite d’âge pour la percevoir sera fixée. En outre, il sera tenu compte, dans la délivrance des bourses, des besoins de notre économie : Les bourses seront principalement octroyées dans des filières pour lesquels les besoins en termes d’emplois sont nombreux.
J’annonce également la mise en place dans les tous prochains jours d’une task force sur l’Education. Celle-ci sera chargée de faire des propositions fortes, concrètes et d’application immédiate, c’est à dire dès la rentrée prochaine. L’objectif ? Remettre le secteur de l’éducation à flot du primaire au supérieur, créer un lien entre système éducatif et monde de l’Entreprise et revaloriser les filières professionnels et techniques.
Mes chers compatriotes,
Ces réformes peuvent, certes, nous perturber car elles bousculent le poids des habitudes. Elles incitent à une remise à plat. Elles nous imposent de nous remettre en cause. Elles sont destinées à améliorer la vie des Gabonaises et des Gabonais. Leur objectif est de donner une chance à nos enfants de vivre demain dans une meilleure situation que la nôtre. Si ces réformes ne sont pas mises en œuvre, le Gabon, certes, ne disparaîtra pas, mais il s’appauvrira. Et cela, je ne l’accepterai pas.
Le Gabon, notre pays, demeure une terre d’opportunité, un havre de paix et de stabilité dont l’attractivité auprès des investisseurs ne faiblit pas. Chaque jour des entreprises de réputation internationale et des hommes d’affaires du monde entier se pressent à nos aéroports pour tenter de bénéficier de nombreuses opportunités dont notre beau pays regorge.
Ce sont là de formidables motifs d’enthousiasme et de fierté qui doivent inciter les gabonais à faire plus et surtout mieux pour notre pays.
Rejoignez le camp de la réforme ! Ensemble, nous réussirons. C’est par l’effort collectif que nous parviendrons ensemble à ancrer durablement notre pays dans la paix, l’unité et à lui faire accéder à la prospérité partagée.
N’écoutez pas les faux-prophètes, ceux qui s’opposent pour s’opposer sans jamais rien proposer. Ne suivez pas le chemin qu’il vous indique et qui ne mène qu’à une impasse. A ces pessimistes professionnels j’opposerais toujours l’optimisme de la volonté. Cette inclinaison des vrais amoureux de la patrie à voir dans le triomphe des difficultés du moment l’occasion de prouver l’attachement éternel d’un peuple à sa patrie.
Mes chers compatriotes,
A chacune et à chacun d’entre vous, que vous soyez sur le territoire national ou à l’étranger, que vous viviez dans une grande ville ou dans un beau village, sachez que partout vous représentez le Gabon,
Bonne fête de l’indépendance à tous et à chacun.
Que dieu bénisse notre pays,
Vive la République, Vive le Gabon.