Au moins 18 personnes ont été tuées au cours d’un assaut contre un camp de déplacés dans la région de l’Extrême Nord du Cameroun, a annoncé mardi l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui s’est dit « outrée » par l’attaque.
Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a condamné fermement cette « attaque délibérée et violente » sur un site abritant 800 personnes déplacées internes, près de Nguetchewe, un village à la frontière avec le Nigeria dans l’extrême-nord du Cameroun, près de Mozogo.
Outre les personnes tuées dans la nuit de samedi à dimanche, onze civils ont été également blessés lors de l’incident survenu lorsque les assaillants ont lancé un engin explosif, probablement une attaque à la grenade.
« Les victimes étaient endormies quand cette attaque a eu lieu », a détaillé le porte-parole du HCR, Babar Baloch lors d’un point de presse virtuel depuis Genève. Certains des blessés ont été évacués vers l’hôpital du district de Mokolo, à une heure de route de Nguetchewe.
Quelque 1.500 personnes, dont les habitants terrifiés du village d’accueil, ont fui vers la ville voisine de Mozogo pour se mettre à l’abri. La région de l’Extrême-Nord, située entre les États nigérians de Borno et d’Adamawa et le lac Tchad, accueille actuellement plus de 321.000 personnes déplacées internes et 115.000 réfugiés nigérians.
C’est dans ce contexte que l’Agence onusienne a déployé une mission d’urgence pour évaluer la situation et les besoins de protection et de santé des personnes touchées.
En attendant, les « communautés locales de cette région pauvre » sont souvent les premières à répondre aux besoins des personnes qui fuient l’insécurité et la violence croissantes dans une région qui couvre le lac Tchad et le nord-est du Nigeria. « Elles sont parfois apparentées et partagent avec elles le peu de ressources dont elles disposent », a ajouté M. Baloch.
87 attaques de Boko Haram à la frontière nord du Cameroun avec le Nigeria
Plus largement, cette attaque fait suite à une hausse « significative des incidents violents » dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun par rapport au mois de juillet. Le HCR fait état notamment de pillages et des enlèvements par Boko Haram et d’autres groupes armés actifs dans la région.
Le Cameroun rapporte que depuis janvier de cette année, 87 attaques de Boko Haram ont été enregistrées sur sa frontière nord avec le Nigeria. Vingt-deux d’entre elles ont eu lieu dans le seul district nord du Mozogo.
Les violentes attaques ont coûté la vie à 30.000 personnes et en ont déplacé plus de 3 millions au Nigeria, au Cameroun, au Niger et au Tchad.
Né dans le Nord-Est du Nigeria vers 2009-2010, le groupe Boko Haram a étendu ses actions autour du lac Tchad, notamment à la frontière entre le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et le Niger. Et pour le HCR, cet incident est finalement « un triste rappel de l’intensité et de la brutalité de la violence dans la région du bassin du lac Tchad au sens large ».
L’insécurité a ainsi forcé plus de 3 millions de personnes à fuir. Quelque 2,7 millions de personnes sont déplacées internes dans le nord-est du Nigeria, au Cameroun, au Tchad et au Niger, tandis que près de 293.000 Nigérians se sont réfugiés vers les pays voisins.
Face à un contexte « d’insécurité croissante », le HCR prévoit qu’une protection communautaire renforcée, des abris, de l’eau et des installations sanitaires seront nécessaires alors que le Cameroun répond à la pandémie de Covid-19.
L’Agence onusienne appelle tous les acteurs à respecter le caractère civil et humanitaire des camps de déplacés internes, et à répondre rapidement aux besoins urgents des personnes qui ont fui la violence et subi de multiples déplacements.