Une meilleure compréhension de l’océan est essentielle si le monde veut mieux se remettre de la pandémie de Covid-19 et atteindre les objectifs convenus en matière de développement durable et d’action climatique, a déclaré mercredi le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, en présentant une étude sur ce qu’il a appelé « le système de soutien de la vie de notre planète ».
La deuxième Evaluation mondiale de l’océan (WOA II) est le fruit du travail de centaines de scientifiques du monde entier et fait suite au premier rapport publié en 2015. L’étude met en garde contre le fait que de nombreux avantages fournis par l’océan sont de plus en plus minés par les actions humaines, a déclaré le chef de l’ONU, qualifiant les conclusions d’alarmantes.
Destruction et pollution
« Les pressions exercées par de nombreuses activités humaines continuent de dégrader l’océan et de détruire des habitats essentiels - tels que les forêts de mangroves et les récifs coralliens - entravant leur capacité à aider à faire face aux impacts du changement climatique », a déclaré M. Guterres dans un message vidéo.
« Ces pressions proviennent également des activités humaines sur les terres et les zones côtières qui apportent des polluants dangereux dans l’océan, notamment des déchets plastiques. Parallèlement, on estime que la surpêche a entraîné une perte annuelle de 88,9 milliards de dollars de bénéfices nets », a fait valoir le chef de l’ONU.
Le Secrétaire général a ajouté que le carbone rejeté dans l’atmosphère entraîne le réchauffement et l’acidification des océans, qui ont détruit la biodiversité. Dans le même temps, l’élévation du niveau de la mer menace les côtes du monde entier.
Les « zones mortes » ont presque doublé
M. Guterres a indiqué que le nombre de « zones mortes » dans l’océan a presque doublé, passant de plus de 400 dans le monde en 2008 à environ 700 en 2019. Environ 90% des espèces végétales de mangroves, d’herbiers et de marais, ainsi que plus de 30% des espèces d’oiseaux de mer, sont également menacées d’extinction.
« Les experts attribuent cette situation à notre incapacité générale à parvenir à une gestion durable intégrée des côtes et de l’océan », a-t-il déclaré, exhortant « toutes les parties prenantes à tenir compte de cet avertissement et des autres. Une meilleure compréhension de l’océan est essentielle ».
Le Secrétaire général a souligné combien la pandémie avait montré à quel point la santé humaine et la santé de la planète sont liées et a appelé à transformer « notre relation avec la nature dans le but de mieux nous rétablir, de parvenir à un développement durable et de limiter la hausse de la température mondiale à l’objectif de 1,5 degré Celsius fixé par l’Accord de Paris sur le changement climatique ».
Un relèvement « vert et bleu »
« Comme l’indique clairement l’évaluation, la durabilité des océans dépend de notre collaboration à tous, notamment par des recherches conjointes, le développement des capacités et le partage des données, des informations et des technologies », a affirmé M. Guterres appelant à « mieux intégrer les connaissances scientifiques et l’élaboration des politiques ».
Cette année a marqué le début de la Décennie des Nations Unies pour l’océanologie au service du développement durable, qui, selon le Secrétaire général, offre un cadre pour une action collective en vue d’atteindre cet objectif. « Les conclusions de cette évaluation soulignent l’urgence d’obtenir des résultats ambitieux lors des sommets et événements de haut niveau des Nations Unies sur la biodiversité, le climat et autres de cette année », a-t-il ajouté.
« Ensemble, nous pouvons favoriser une reprise non seulement verte - mais aussi bleue - de la pandémie de Covid-19, et contribuer à assurer une relation résiliente et durable à long terme avec l’océan », a conclu le chef de l’ONU.