Alors que le mécanisme COVAX est contraint de réduire ses expéditions de vaccins anti-COVID-19 destinées à l’Afrique d’environ 150 millions de doses, le continent se retrouve face à un déficit de presque 500 millions de doses par rapport à l’objectif mondial fixé pour la fin de l’année, à savoir vacciner entièrement 40 % de sa population. Cette insuffisance de vaccins intervient alors que l’Afrique a franchi cette semaine la barre des 8 millions d’infections.
En prenant en compte ce déficit, 470 millions de doses de vaccin seront réceptionnées sur le continent par le canal du COVAX et permettront de vacciner seulement 17 % de la population, soit une valeur largement inférieure à l’objectif fixé à 40 %. Si tant est que les expéditions prévues par le canal du COVAX – une initiative multilatérale visant à garantir au monde entier l’accès aux vaccins d’importance vitale contre la COVID-19 – et de l’Union africaine sont effectuées, 470 millions de doses supplémentaires seront nécessaires pour atteindre l’objectif fixé pour la fin de l’année.
« Les interdictions d’exportation et l’accumulation de vaccins entravent l’approvisionnement de l’Afrique en vaccins. Tant que les pays riches s’emploieront à écarter le COVAX du marché, l’Afrique ne pourra pas atteindre ses objectifs de vaccination. Les immenses disparités en matière d’équité d’accès aux vaccins sont loin d’être comblées aussi rapidement qu’il le faut. Il est temps que les pays producteurs de vaccins passent à l’action et aident à protéger les personnes les plus vulnérables », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique.
Les interdictions d’exportation, les difficultés liées à l’augmentation de la production sur les sites de fabrication du COVAX et les retards enregistrés dans les demandes d’approbation réglementaire de nouveaux vaccins entravent les livraisons. Le COVAX a donc appelé les pays donateurs à partager leurs calendriers d’approvisionnement afin de clarifier la question des livraisons.
En outre, le Mécanisme COVAX a appelé les pays qui disposent de stocks suffisants de vaccins à céder leur place dans la file d’attente pour les livraisons. Les fabricants doivent livrer les vaccins au COVAX selon des engagements fermes et les pays dont les campagnes de vaccination sont très avancées doivent accroître et accélérer les dons, tout en veillant à ce que les doses soient disponibles en quantités plus importantes et plus prévisibles, avec des durées de conservation plus longues.
Environ 95 millions de doses supplémentaires devraient être réceptionnées en Afrique par le canal du COVAX au cours du mois de septembre, ce qui constituera la plus grosse expédition jamais reçue sur le continent en l’espace d’un mois. Cependant, malgré la reprise des expéditions, l’Afrique n’a pu vacciner que 50 millions de personnes, soit 3,6 % de sa population.
Environ 2 % des près de six milliards de doses administrées dans le monde entier l’ont été en Afrique. L’Union européenne et le Royaume-Uni ont vacciné plus de 60 % de leurs populations et les pays à revenu élevé ont administré 48 fois plus de doses par personne que les pays à faible revenu.
« La vertigineuse inégalité d’accès aux vaccins et l’énorme retard accusé dans les expéditions de vaccins menacent de transformer les régions à faible taux de vaccination d’Afrique en zones de reproduction de variants résistants aux vaccins, ce qui pourrait ramener le monde entier à la case départ », a insisté la Dre Moeti.
L’OMS entend intensifier l’appui qu’elle fournit aux pays africains pour leur permettre d’identifier et de combler les lacunes associées au déploiement des vaccins anti-COVID-19. L’OMS a appuyer 15 pays africains de manière à faciliter la réalisation des examens de l’action en cours, qui consistent à analyser tous les aspects de leurs campagnes de vaccination et à offrir des recommandations en vue de faciliter les améliorations. Ces examens ont démontré que la sécurité de l’approvisionnement en vaccins et l’incertitude liée aux livraisons constituent un obstacle majeur pour de nombreux pays africains.
Avec plus de 300 membres de son personnel qui sont basés dans toute l’Afrique et qui soutiennent la riposte à la COVID-19, l’OMS déploie des experts et met au point des plans d’appui qui prennent en compte les secteurs spécifiques où les pays nécessitent un accompagnement adapté, en particulier dans les domaines de la mobilisation du personnel, du financement, du renforcement des chaînes d’approvisionnement, de la logistique et de la stimulation de la demande de vaccins.
Au 14 septembre 2021, 8,06 millions de cas de COVID-19 avaient été enregistrés en Afrique et, malgré le recul de la troisième vague, près de 125 000 nouvelles contaminations ont été recensées en une semaine à la date du 12 septembre. Ceci représente une baisse de 27 % par rapport à la semaine précédente, mais le nombre de nouveaux cas hebdomadaires est toujours très proche des chiffres recensés lors du pic de la première vague et 19 pays continuent de signaler une augmentation élevée ou rapide du nombre d’infections.
Le taux de décès en Afrique a diminué de 19 %, avec notamment 2531 décès à déplorer au cours de la semaine qui a pris fin le 12 septembre. Le variant Delta, hautement transmissible, circule dans 31 pays africains. Les variants Alpha et Bêta, quant à eux, ont été détectés dans 44 et 39 pays, respectivement.
La Dre Moeti s’est exprimée aujourd’hui à l’occasion d’une conférence de presse virtuelle animée par le Groupe APO. Elle était accompagnée par la Dre Ayoade Olatunbosun-Alakija, Co-présidente de l’Alliance africaine pour les livraisons de vaccins (African Vaccine Delivery Alliance – AVDA), Mme Aurélia Nguyen, Directrice général au Bureau du Mécanisme COVAX pour Gavi l’Alliance du vaccin.
Étaient également présents, pour répondre aux questions le Dr Richard Mihigo, coordonnateur du Programme de vaccination et mise au point des vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, et le Dr Thierno Balde, adjoint au gestionnaire des incidents liés à la COVID-19 au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, et le Dr Humphrey Karamagi, Conseiller technique sénior pour le Développement des systèmes de santé au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.