Niger : le milieu politique nigérian appelle le président à ne par recourir à la force


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Des politiciens et des chefs religieux nigérians se sont adressés au président Bola Tinubu avec un appel à ne pas utiliser la force contre le Niger. Ils ont également mis en garde la Communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) contre les risques de la répression armée du coup d’État au Niger, relate le journal nigérian Daily Trust.

L’intervention de l’armée nigériane au Niger entraînera la mort de nombreux innocents tant dans le pays que dans les sept États voisins du Nigéria, a déclaré dans un communiqué le Forum des sénateurs du nord du Nigéria. Les sénateurs appellent à l’utilisation des moyens politiques et diplomatiques pour restaurer la démocratie au Niger. « La force militaire ne peut être utilisée qu’après l’échec de toutes les autres méthodes politiques et diplomatiques », a souligné l’organisation.

Sani Oumar Rijiyar Lemo, prédicateur islamique de la ville de Kano, a diffusé une vidéo devenue très partagée sur les réseaux sociaux où il exhortait M. Tinubu à ne pas intervenir au Niger. Selon lui, le Niger et le Nigeria ne sont « pas seulement des pays voisins, mais des pays frères, et toute intervention militaire ne fera qu’exacerber de nombreux problèmes socio-économiques dans la région du Sahel ».

Le mouvement Oumma, siégeant à Zaria, considère qu’il est inacceptable d’utiliser la force pour restaurer le pouvoir du président nigérien. « Au contraire, la pression diplomatique, le dialogue et l’application du soft power sont nécessaires pour remédier à la rébellion  », a déclaré le mouvement dans un communiqué. L’ancien vice-président du Parti démocratique populaire, Olabode George, a recommandé à Tinubu de se méfier des États étrangers qui le poussent à entrer en guerre avec le Niger.

Aboubakar Kari, professeur à l’université d’Abuja, note qu’il est peu probable que les Nigérians, y compris les militaires, soutiennent une invasion militaire du Niger, tandis que les forces de sécurité ont beaucoup d’autres menaces à contrer (terroristes, séparatistes, bandits) au Nigeria. Le Daily Trust a en outre fait état de manifestations qui ont commencé au Niger contre Bola Tinubu.

Pour rappel, le président Mohamed Bazoum a été destitué dans la soirée du 26 juillet par des militaires, qui ont aussitôt annoncé la fermeture des frontières et la suspension de la Constitution. Ils ont par ailleurs formé le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) présidé par le chef de la garde présidentielle, le général Abdourahamane Tchiani.

Lors d’un sommet extraordinaire tenu le 30 juillet, les dirigeants de la Cédéao ont exigé que les rebelles au pouvoir au Niger libèrent le président Bazoum, lui rendent son poste et rétablissent l’ordre constitutionnel - ceci sur une période d’une semaine. La Cédéao a menacé de prendre « toutes les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger » et n’a pas exclu « l’usage de la force ».