Le ministre camerounais délégué auprès du ministre des Relations extérieures chargé de la coopération avec le monde islamique, Adoum Gargoum, a salué lors d’une réunion tenue jeudi à Yaoundé sur la réintégration de migrants rapatriés de Libye et d’autres pays, la création par l’Union africaine (UA) lors de son récent sommet d’un observatoire des migrations.
La création de cet organe qui se veut une réponse de l’organisation panafricaine au défi préoccupant de l’émigration clandestine qui frappe le continent, intervient un an après la révélation par la presse du scandale de l’esclavage vécu par d’innombrables migrants subsahariens de la part de réseaux de trafiquants en Libye, pays où le chaos règne depuis la chute du régime du colonel Kadhafi en 2011.
L’affaire avait suscité l’émoi et déclenché une vague de protestations de nombreux gouvernements africains qui avaient dû se résoudre à organiser des opérations de rapatriement volontaire de leurs ressortissants coincés dans cet « enfer libyen », selon les propres déclarations des victimes.
Au Cameroun, ces opérations menées avec l’aide de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont permis le retour de plus de 2 000 migrants, non seulement de la Libye, mais aussi d’autres pays comme le Niger, le Mali ou encore la Mauritanie, selon les chiffres publiés par cette agence des Nations Unies.
Un financement de 3,5 millions d’euros, soit l’équivalent de 2,2 milliards de francs CFA (près de 4 millions de dollars américains), est alloué dans le cadre du Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne (UE) pour l’Afrique doté de 3 milliards d’euros, pour venir en aide à ces migrants en favorisant leur réintégration socioéconomique.
Ces fonds, mis à disposition de l’OIM, représentent une partie d’une enveloppe totale d’environ 40 millions d’euros (26 milliards de francs CFA) accordée dans ce domaine au Cameroun, a indiqué Hans-Peter Schadek, l’ambassadeur, chef de la délégation de l’UE dans le pays, lors d’une réunion tenue jeudi au ministère des Relations extérieures.
Pour le diplomate européen, la réintégration économique des migrants et l’emploi des jeunes sont deux défis importants à relever par le pays d’Afrique centrale. Les projets réalisés par l’OIM, sous la conduite du Nigérien Boubacar Seybou, son chef de mission au Cameroun, concourent à atteindre ces objectifs. Un comité de pilotage est opérationnel, avec la participation du gouvernement.
« L’action de nos partenaires internationaux est fortement appréciée dans le cadre de ce projet, d’une durée d’exécution prévisionnelle de trois ans, qui a vu ses projections initiales d’aide aux migrants exploser de 850 à plus de 2 000 personnes en ce moment », a fait remarquer Adoum Gargoum.