Humanitaire : l’ONU cherche à aider 160 millions de personnes en 2021


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Les Nations Unies et leurs partenaires espèrent fournir une aide humanitaire à 160 millions de personnes cette année, a indiqué, vendredi la numéro deux de l’ONU.

Il s’agit du « chiffre le plus élevé  », a souligné la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, lors d’un débat du Conseil de sécurité portant sur la protection des civils et la préservation de l’espace humanitaire et présidé par le Ministre des affaires étrangères français, Jean-Louis Le Drian. La France occupe la Présidence tournante du Conseil de sécurité en juillet.

Mme Mohammed, qui s’exprimait au nom du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exhorté le Conseil de sécurité « à prendre des mesures fortes et immédiates » pour soutenir les « nombreuses résolutions » que l’organe onusien a adopté pour assurer la protection des civils, des travailleurs humanitaires et de la santé, et de l’espace humanitaire.

« Partout dans le monde, les incidents de sécurité affectant les organisations humanitaires ont décuplé depuis 2001 », a dit Mme Mohammed. « Ces incidents comprennent des fusillades, des agressions corporelles et sexuelles, des enlèvements et des raids », a-t-elle précisé.

Parallèlement, l’ONU souligne qu’il devient de plus en plus difficile de fournir une aide humanitaire aux personnes dans le besoin, comme l’ont montré les récentes crises dans la région éthiopienne du Tigré, en Afghanistan ou au Yémen.

« Nos agences humanitaires négocient souvent avec des gouvernements ou des parties au conflit qui sapent ou rejettent complètement leur travail », a déploré Mme Mohammed. « Nous ne connaissons que trop bien les nombreuses stratégies qu’ils utilisent, des restrictions sur les mouvements du personnel et des fournitures humanitaires aux longues procédures pour délivrer des visas et autorisations douanières, en passant par les retards aux points de contrôle et les taxes et redevances élevées prélevées sur les fournitures humanitaires ».

L’ONU a appelé les gouvernements à créer des systèmes permettant de « soutenir l’aide plutôt que de la bloquer ». Si les Etats doivent prendre des mesures pour lutter contre le terrorisme, ils doivent également s’assurer que leurs efforts dans ce domaine ne sapent pas les opérations humanitaires.

Ne pas brouiller les frontières entre opérations militaires, objectifs politiques et efforts humanitaires

Pour le Secrétariat de l’ONU, les États membres de l’ONU et le Conseil de sécurité ont la responsabilité de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin aux attaques contre le personnel et les biens humanitaires ; assurer et promouvoir le respect du droit international humanitaire ; et demander des comptes pour les violations graves, conformément aux nombreuses résolutions sur la protection des civils, les soins médicaux et le personnel humanitaire et des Nations Unies.

Le Secrétaire général voit quatre grands domaines d’action : utiliser les outils disponibles pour favoriser un plus grand respect du droit international humanitaire ; enquêter et établir les responsabilités sur les attaques contre les travailleurs humanitaires afin qu’elles ne se reproduisent plus ; protéger la capacité des organisations humanitaires à s’engager avec toutes les parties au conflit, y compris les groupes armés non étatiques ; et s’assurer que les mesures de lutte contre le terrorisme comprennent des dispositions claires pour préserver l’espace humanitaire, minimiser l’impact sur les opérations humanitaires et garantir que le personnel humanitaire et de santé ne soit pas puni pour avoir fait son travail.

« Préserver l’espace humanitaire exige également de ne pas brouiller les frontières entre les opérations militaires, les objectifs politiques et les efforts humanitaires  », a souligné Mme Mohammed. « Le respect des principes de l’action humanitaire – humanité, impartialité, neutralité et indépendance – est essentiel pour instaurer la confiance avec les groupes armés politiques, militaires, de sécurité, non étatiques et autres » a-t-elle ajouté.

Reconnaissant les énormes défis auxquels sont confrontées les agences humanitaires, le Secrétaire général de l’ONU a demandé à son nouveau chef des affaires humanitaires, Martin Griffiths de nommer un conseiller spécial sur la préservation de l’espace et de l’accès humanitaires, et de renforcer les négociations humanitaires dans ce contexte.

« En fin de compte, la plupart de notre travail sur la protection de l’espace humanitaire est effectué par des travailleurs humanitaires sur le terrain - en dialogue avec les parties au conflit, les gouvernements et les communautés affectées », a rappelé Mme Mohammed. « La communauté internationale doit aux agences d’aide humanitaire et aux travailleurs de la santé et humanitaires son soutien total et indéfectible dans leur travail difficile et dangereux », a-t-elle insisté.