Au Tchad, plus de de deux millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire sévère, a averti lundi à Genève, une responsable humanitaire des Nations Unies dans ce pays d’Afrique centrale.
Selon la Coordonnatrice résidente des Nations Unies et Coordonnatrice de l’action humanitaire au Tchad, le pays est confronté à quatre crises majeures. Outre les déplacements forcés, les urgences sanitaires et les effets du changement climatique, N’Djaména fait face à une insécurité alimentaire. Toutes ces crises touchent 7 millions de personnes sur une population totale de 18 millions d’habitants.
Au total, le Tchad fait face à une situation d’insécurité alimentaire et de malnutrition, qui touche 5,7 millions de personnes dont 2,1 millions se trouvant dans une situation très critique.
« C’est la pire crise depuis une décennie. Ces personnes ne peuvent tout simplement pas répondre à leurs besoins alimentaires de base. Nous avons besoin d’un appui humanitaire », a déclaré lors d’une conférence de presse à Genève, Violet Kakyomya.
Flambée des prix des denrées et arrivée massive de réfugiés
Comparé aux résultats des analyses de mars, la présente situation nutritionnelle s’est détériorée, avec une augmentation de 265.000 personnes en situation d’insécurité alimentaire sévère. La situation est exacerbée par une augmentation générale des prix des denrées alimentaires. Dans l’est du Tchad, par exemple, le prix du sorgho a augmenté de 55 % dans la province de Sila et celui du mil de 30 % dans le Ouaddaï.
Cette détérioration peut aussi s’expliquer par l’arrivée massive, depuis le début de la crise soudanaise, de milliers de réfugiés soudanais et retournés tchadiens du Soudan, dans les provinces déjà sévèrement touchées par l’insécurité alimentaire (Ouaddaï, Wadi-Fira et Sila). Une crise humanitaire qui a contribué à aggraver la situation. « Les ressources disponibles ont connu un épuisement précoce et les prix ont flambé de façon exponentielle ».
Malgré ces défis majeurs, au cours des six premiers mois de l’année, 2,5 millions de Tchadiens ont reçu une aide à la sécurité alimentaire et plus d’un demi-million ont bénéficié d’une intervention nutritionnelle. les efforts ciblés ont également permis d’aider plus de 300.000 enfants souffrant de malnutrition.
Le Tchad n’a reçu qu’un quart de l’appel de fonds
Cette alerte des agences humanitaires interviennent alors que l’afflux en provenance du Soudan ne faiblit pas. Après près de six mois de combats entre les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide, l’ONU estime que 5,8 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur et à l’extérieur du Soudan. Parmi ces 1,1 million de réfugiés, l’ONU recense plus de 420.000 réfugiés et 67.000 rapatriés tchadiens. Avec un tel afflux, le nombre de réfugiés soudanais a doublé en cinq mois.
« Le conflit au Soudan a provoqué le passage de plus de 487.000 personnes dans l’est du Tchad, dont la plupart ont cherché refuge dans des camps et des établissements situés dans la ville frontalière d’Adré et aux alentours », ont détaillé les humanitaires onusiens.
Dans ces conditions, l’appel de fonds révisé a augmenté le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire au Tchad pour passer à 7,6 millions. Les organisations humanitaires ont désormais besoin de 920 millions de dollars pour répondre aux besoins identifiés des personnes ciblées, soit une augmentation de 245 millions de dollars. Plus de six mois après le début de la réponse, le Tchad a déjà reçu 244 millions de dollars, soit 26 % des 920 millions de dollars requis pour la réponse humanitaire de 2023.