Dr Franck Ditengou : « Le Peuple gabonais dans sa majorité n’en peut plus de cette crise née du refus d’Ali Bongo de reconnaître sa défaite »


Dr Franck Anicet Ditengou engagé dans la lutte pour l’alternance démocratique au Gabon Crédit photo : © 2019 D.R.

L’environnementaliste consacré sur les terres européennes, Dr Franck Anicet Ditengou a été le coordonnateur général des assises de la diaspora gabonaise organisées du 22 au 23 mars dernier par 11 associations dont : CDG, AIGLE ; RG33, Conscience Gabonaise, Collectif Gabon d’Anjou ; Mobilisation 241, Mouvement Trop C Trop, CGP ; FDH9P ; NEMESIS ; ÉGAL. Dans ce cadre, Gabonmatin s’est entretenu avec l’enseignant chercheur gabonais qui s’est exprimé sur les objectifs de ce rendez-vous bilan des actions menées pour l’alternance démocratique, l’état de droit au Gabon depuis en Europe singulièrement en France, Belgique, Suisse, Allemagne, Italie et aux Etats-Unis, Canada depuis l’élection présidentielle contestée d’Ali Bongo.

Tout déclarant ce qui suit : "La détermination de la Diaspora gabonaise n’a pas baissé d’un iota. Bien au contraire, l’intensité des échanges et les différentes propositions ont réaffirmé à n’en pas douter, l’extrême impatience d’en découdre. Quant à Jean Ping, il demeure le choix des gabonais et notre meilleure chance de poser les bases d’une nouvelle République’’. Lisez dans les lignes qui suivent l’intégralité de cette interview.

Gabonmatin. Bonjour, vous avez récemment coordonnez l’organisation des assises de la diaspora qui se sont tenues les 22 et 23 mars dernier à Paris. En qualité de quoi avez-vous pris les rênes de cet événement. Présentez à nos lecteurs vous qui êtes plus connu en Europe, aux Etats-Unis que par vos compatriotes.

Dr Franck Ditengou (F.D) : Je m’appelle Franck Anicet Ditengou et je travaille comme Enseignant chercheur à l’Université de Fribourg en Allemagne depuis 17 ans. Cela veut dire qu’en plus des cours que je dispense, mon équipe étudie les mécanismes permettant aux plantes de percevoir et de répondre aux modifications de l’environnement. Comme vous la savez, les plantes ne peuvent pas se déplacer et au fur et à mesure de l’évolution elles se sont dotées de processus moléculaires leur permettant de s’adapter même aux pires conditions environnementales.

C’est le cas de la croissance des plantes en apesanteur. Ces recherches financées par les Agences spatiales Européenne et Allemande sont d’une extrême importance car elles contribuent à approfondir nos connaissances en prévision de vols spatiaux habités vers la lune ou la planète mars. L’autre pan de mes recherches concernent l’amélioration des plantes et l’utilisation de fertilisants naturels en collaboration avec des organismes tels que la Fondations Bill et Melinda Gates.

Par ailleurs, je suis Président de Gabiomed Researchers Inc. (www.gabiomed.org), qui est une organisation non gouvernementale à but non lucratif, apolitique et laïque, regroupant des Gabonais sans distinction de sexe, d’ethnie, de religion œuvrant dans les sciences de la vie et de l’environnement.

En ce qui concerne l’Organisation des Assises de la Diaspora Gabonaise, j’ai été approché par la Convention de la Diaspora gabonaise (CDG), qui souhaitait organiser un grand rassemblement de la Diaspora gabonaise. C’est tout naturellement que j’ai accepté de participer à l’organisation de cette manifestation ; maintenant quant à l’idée d’en faire de moi le coordinateur, elle est le fruit d’un consensus au sein du Comité d’organisation. C’est d’ailleurs le lieu pour moi de féliciter tous les membres du Comité d’organisation des Assises et tous les compatriotes qui ont abattu un travail de titan et ont fait de cette rencontre un véritable succès, vus les nombreux obstacles et les délais très courts.

Quels sont les tenants, les aboutissants et les objectifs de ces assises ?

F.D : Ses assises avaient deux principaux objectifs :

Tout d’abord, un rassemblement de la diaspora gabonaise en proie à des querelles intestines aux conséquences néfastes sur l’organisation et l’exécution de ses actions. Il s’agit d’une situation qui n’a que trop durée et qui nécessitait que les gabonais se rencontrent et se parlent.

Deuxièmement, une analyse minutieuse des maux du Gabon afin de mettre en place des stratégies synergiques, une méthode de travail rigoureuse et la discipline indispensable nous permettant de venir à bout de la dictature Bongo-PDG.

Ces Assises de la Diaspora gabonaise comprenaient des séances plénières au cours desquelles les problématiques proposées par le comité d’organisation, ainsi que d’autres suggérées par l’audience ont été soumises à l’attention de l’assistance. Par la suite, toutes les propositions collectées ont été discutées au sein d’ateliers, de telle sorte que les plus pertinentes feront l’objet d’un suivi en vue de leur exécution sous forme de plans d’action.

Comment appréciez-vous le contenu et la participation des structures associatives lors de ces assises ? La diaspora est-elle toujours déterminée autour de la Coalition de l’opposant Jean Ping dans la restauration la vérité des urnes du 27 août 2016 ?

F.D : Je peux vous dire que j’ai abordé ces Assises avec beaucoup d’appréhensions car n’étant pas du microcosme français voire parisien. Mais cette initiative a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme et une fois les premières interrogations sur les objectifs des Assises évacuées, les gabonais ont brisé la glace et une ambiance de travail collégiale s’est vite installée.

La détermination de la Diaspora gabonaise n’a pas baissé d’un iota. Bien au contraire, l’intensité des échanges et les différentes propositions ont réaffirmé à n’en pas douter, l’extrême impatience d’en découdre. Quant à Jean Ping, il demeure le choix des gabonais et notre meilleure chance de poser les bases d’une nouvelle république.

Il y a une recrudescence de tensions, de divergences dans la diaspora et plusieurs tendances s’affrontent souvent. Pensez-vous avoir trouvé le moyen de mettre une véritable synergie et en faire une force de proposition dans le défi pour l’alternance démocratique au Gabon ?

F.D : Il est vrai qu’il y a des tensions au sein de la Diaspora et celles-ci se sont exprimées dans une certaine mesure au cours des travaux. D’ailleurs, certains griefs ont été exposés séance tenante. Bien que la méthode de travail la plus efficiente reste à définir et nous y réfléchissons, ces Assises ont tout de même démontré qu’on était capable de travailler ensemble.

D’autre part, la présence de la quasi-totalité des organisations actives sur Paris au côté des 11 Associations de France et de Belgique qui ont organisé ces Assises, montre bien que le désir d’unité existe bel et bien. Beaucoup ont d’ailleurs souhaité que l’expérience se renouvelle le plus tôt possible.

Quelle analyse faites-vous par rapport à l’état de santé d’Ali Bongo ? Quelle appréciation faites-vous de cette actualité ?

F.D : Il est déplorable que certaines individus autour d’Ali Bongo instrumentalisent sont état de santé à des fins politiques. Il ne fait aucun doute, au vue des images diffusées, que si l’homme exhibé hier est Ali Bongo, celui-ci ne sera plus capables d’assumer la charge de président de la République, même par défaut.

Votre mot de la fin

F.D : J’espère vivement que nous sommes, grâce à ces premières Assises, au début d’une nouvelle ère ; celle de la concertation, du consensus et de la discipline de groupe. Une diaspora non-structurée est inaudible, c’est pourquoi je pense que la Diaspora doit devenir un acteur incontournable de la politique gabonaise et cela implique forcement son autonomie financière. Cela a été fortement plébiscité lors des discussions.

De toute les façons, le Peuple gabonais dans sa grande majorité n’en peut plus de cette crise permanente née du refus d’Ali Bongo de reconnaître sa défaite. Alors que toute la lumière n’a pas encore été faite sur les morts du QG de Jean Ping et que certains de nos compatriotes croupissent encore en prison pour des délits politiques, nos atermoiements ne font qu’aggraver le calvaire du Peuple gabonais et nous devons y remédier le rapidement possible.

Propos recueillis par Rostano Mombo Nziengui