Centrafrique : malgré les progrès, plus de 3 millions de personnes ont besoin d’une assistance d’urgence


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La République centrafricaine a franchi un palier « non négligeable  » vers la stabilité institutionnelle et réaffirmé son ancrage dans le processus de démocratisation avec la mise en place d’un nouveau gouvernement fin juin, à la suite des élections présidentielle et législative réussies, a salué lundi devant le Conseil de sécurité le Représentant spécial des Nations Unies pour ce pays.

Mankeur Ndiaye, qui est également le chef de la mission onusienne de paix pour le pays (MINUSCA ), a appelé les Quinze à « maintenir cet élan positif  » en reconduisant le mandat d’assistance électorale de la MINUSCA pour approfondir le processus de décentralisation à travers la tenue d’élections locales dont les dernières remontent à 1988.

« En plus d’être un rendez-vous démocratique pour une gouvernance inclusive, ces élections locales constituent, le fruit d’un compromis politique majeur qui sous-tend l’équilibre critique du régime de partage des pouvoirs consacré par l’Accord politique pour la paix et la réconciliation », a déclaré M. Ndiaye avertissant que « tout retard ou non-tenue de ces élections exposerait l’intégrité de l’Accord [de paix] à des risques de remise en cause du processus de paix ».

Un cessez-le-feu qui engage la feuille de route vers la paix

M. Ndiaye s’est également félicité de la déclaration de cessez-le-feu du Président de la République, Faustin-Archange Touadéra, le 15 octobre dernier, une « grande ouverture au dialogue » qui selon lui devrait amorcer la phase opératoire de la feuille de route conjointe pour la paix en République centrafricaine, adoptée par la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) en septembre.

Il a salué «  la vitalité de la dynamique régionale qui a pu revigorer le processus de paix avec une feuille de route qui offre une opportunité de revitaliser les dispositions essentielles de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation », soulignant sa complémentarité « positive » avec l’Accord du 6 février 2019.

«  Il est donc impératif que tous les groupes armés et leurs leaders, sans exception, souscrivent sincèrement au processus de paix en exécutant de bonne foi toutes leurs obligations en vertu de l’Accord du 6 février et de la feuille de route conjointe », a soutenu le chef de la MINUSCA.

M. Ndiaye a affirmé que la Mission comptait « faire un usage optimal de ses bons offices et de sa Force pour accroître la contribution des partenaires internationaux au processus de paix et assurer, avec toutes les parties concernées, la crédibilité et l’intégrité de l’Accord  ».

« Nous nourrissons l’espoir de voir ces deux processus contribuer à la création d’un environnement plus protecteur des populations civiles, et propice à la mise en œuvre effective de notre mandat sur toute l’étendue du territoire, compte tenu de la corrélation entre la sûreté et la sécurité du personnel civil et en uniforme des Nations Unies d’une part et leur performance dans l’exécution de leurs tâches d’autre part », a-t-il dit.

Des défis sécuritaires persistent

Le Repressentant spécial de l’ONU pour la RCA a fait valoir que les défis sécuritaires subsistent encore dans certaines parties du territoire, y compris au nord-ouest, au centre et au sud-est du pays « avec les conséquences que l’on sait sur les populations civiles, premières victimes de ces violences y compris une hausse des violations des droits de l’Homme et autres manquements au droit international humanitaire ».

Il a encouragé le gouvernement à donner une suite judiciaire aux conclusions de la Commission d’enquête spéciale sur les violations des droits de l’Homme et a affirmé que les Nations Unies suivent « avec beaucoup d’espoir  » les enquêtes de la Cour Pénale Spéciale et continueront d’apporter leur soutien au système judiciaire dans son ensemble dans les efforts de lutte contre l’impunité.

Au-delà de la lutte contre l’impunité, le chef de la MINUSCA a appelé à accompagner les autorités centrafricaines dans la revue stratégique du secteur de la sécurité en cours, appelant a investir davantage autour de trois axes stratégiques « la gouvernance pour la performance ; le contrôle pour la redevabilité ; et la coordination pour la cohérence et la complémentarité ».

« Aucun investissement dans la Réforme du Secteur de la Sécurité ne sera de trop compte tenu de la situation sécuritaire qui s’est complexifiée avec la recrudescence des incidents liés aux engins explosifs, notamment dans l’Ouest du pays  », a affirme M. Ndiaye appelant les membres du Conseil a bien tenir compte de cette préoccupation lors du renouvellement du mandat de la MINUSCA.

3,1 millions de personnes ont besoin d’une protection et d’une assistance humanitaire

Malgré le courage et la détermination des travailleurs humanitaires, les efforts dans les processus politique et de paix, et dans l’extension de l’autorité de l’Etat, la République centrafricaine n’est pas encore sortie de crise humanitaire, a estimé M. Ndiaye.

« Le nombre de déplacés internes demeure à un niveau sans précédent depuis 2014 et 63 % de la population, soit une estimation 3,1 millions de personnes, ont besoin d’une protection et d’une assistance humanitaire d’urgence », a informé le Représentant spécial.

Face à cette situation, ainsi qu’à la situation économique dans un contexte de Covid-19 qui requiert des mesures budgétaires de nature à prévenir des risques de fragilisation de la sécurité et la stabilité du pays, le Représentant spécial de l’ONU pour la RCA a signalé la nécessité de couvrir davantage le plan de réponse humanitaire actuel, qui n’est couvert qu’à hauteur de 60 %, « si l’on veut fournir une assistance vitale à 1,84 million de personnes et éviter une érosion du tissu social qui nuirait inévitablement aux efforts de paix et de stabilité ».