Centrafrique : près de 120 000 personnes ont fui les violences


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Le nombre de personnes fuyant les violences en République centrafricaine (RCA) pour se réfugier dans les pays voisins, a doublé en une semaine seulement, pour atteindre près de 60.000, a indiqué, vendredi, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Le regain de tensions et l’intensification des violences depuis le scrutin présidentiel du 27 décembre seraient à l’origine de cette forte hausse du nombre de réfugiés.

Alors que près de 60.000 personnes ont été contraintes de chercher refuge dans les pays voisins depuis décembre, le HCR rappelle que le nombre de réfugiés dans les pays voisins a doublé en une semaine seulement. Le 8 janvier dernier, l’agence onusienne avait indiqué que les violences survenues dans le contexte des élections présidentielles et législatives du 27 décembre avaient déjà forcé plus de 30.000 personnes à fuir vers le Cameroun, le Tchad, la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Congo.

« La plupart d’entre elles ont fui vers la RDC voisine, en traversant le fleuve Oubangui, où le nombre d’arrivants a dépassé le seuil des 50.000 arrivées », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Boris Cheshirkov, porte-parole du HCR. Pour la seule journée du mercredi 13 janvier, ce sont près de 10.000 Centrafricains, qui se sont réfugiés en RDC.

Violences sexuelles, pillages et attaques contre les électeurs

En plus des 50.000 Centrafricains qui ont franchi les frontières de la RDC, près de 10.000 réfugiés sont arrivés le mois dernier au Cameroun, au Tchad et en République du Congo.

Outre les 60.000 réfugiés dans les pays voisins, quelque 58.000 personnes sont toujours déplacées à l’intérieur des régions de la RCA touchées par l’insécurité, selon la Commission centrafricaine des mouvements de population.

Dans le contexte de cet afflux important de réfugiés et de déplacés internes, le HCR et ses partenaires en RCA ont également recueilli des informations sur les abus commis par les groupes armés, notamment des violences sexuelles, des attaques contre les électeurs et des pillages.

Les événements de ces dernières semaines en RCA, notamment les violences liées aux élections, ont inversé la tendance des dernières années sur le retour de réfugiés centrafricains dans leur pays. Le rapatriement librement consenti des réfugiés centrafricains, de retour chez eux après des années d’exil au Cameroun et en RDC, avait repris en novembre 2020, mais a été temporairement interrompu la semaine dernière.

En attendant, le HCR félicite les gouvernements voisins de continuer à accorder aux réfugiés centrafricains l’accès au territoire et à l’asile malgré les restrictions frontalières imposées par la pandémie de Covid-19. Sur le terrain, l’agence onusienne et ses partenaires intensifient l’aide aux nouveaux arrivants, malgré les mauvaises infrastructures qui entravent la réponse humanitaire.

Alors que des milliers de Centrafricains continuent de fuir leur foyer, le HCR a demandé l’arrêt immédiat de toute violence en RCA. L’agence onusienne appelle à un retour immédiat de toutes les parties à un dialogue significatif et à des progrès vers la paix.

Opérations de la MINUSCA dans la périphérie de Bangui

Le HCR appelle également la communauté internationale à intensifier d’urgence le soutien à la réponse humanitaire en RCA, afin de pouvoir venir davantage en aide aux personnes dans le besoin qui se trouvent dans des régions reculées. Pour ses opérations dans ce pays, l’agence onusienne a besoin cette année de plus 151 millions de dollars. « Les besoins des Centrafricains récemment déplacés s’accroissent et nous serons bientôt confrontés à un déficit de financement important », a averti M. Cheshirkov.

A noter qu’à la suite des attaques perpétrées mercredi par des combattants armés près de Bangui, qui ont fait un mort et un blessé parmi les Casques bleus, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a mené des opérations supplémentaires dans la périphérie de la capitale en coordination avec les Forces de défense et de sécurité nationales. Des dizaines d’armes, y compris des grenades propulsées par roquettes, des fusils mitrailleurs, des munitions, des magasins, des chargeurs de radio, des téléphones et certains uniformes militaires ont été saisis des groupes armés.

La MINUSCA a également annoncé qu’elle aiderait les autorités centrafricaines, notamment en assurant la sécurité, à faciliter la réouverture de l’axe routier reliant Bangui à Douala, la principale métropole économique du Cameroun voisin, qui est actuellement fermé en raison de l’insécurité. Cette route d’approvisionnement est essentielle pour garantir la disponibilité continue de nourriture et d’autres provisions en RCA.