Corruption généralisée : l’administration gabonaise a mal à ses cadres


Crédit photo : © 2019 D.R.

Sale temps ces derniers mois pour l’administration gabonaise. Du moins quelques-uns de ses cadres, englués dans des scandales et affaires de gros sous, aujourd’hui entre les mains de la justice. Des actes répréhensibles supposés avoir été commis dans l’exercice ou en dehors de leurs fonctions respectives.

L’affaire la plus en vue, qui secoue l’administration en ce moment est le « Kevazingogate », du nom de ce géant de la forêt équatoriale dont la chute, tout comme celle de l’Okoumé, épargne rarement ceux qui sont dans leur sillage. Un scandale aux contours brumeux, qui fait couler encre et salive, et les choux gras de la presse, avec des conséquences administratives, judiciaires et politiques sur certains acteurs et complices supposés de la disparition des 353 conteneurs chargés de cette espèce de bois rare.

Ainsi, le Kevazingo a déjà mis sur la touche le vice-président de la République et un membre influent du gouvernement, conduit en prison un directeur général d’administration et suspendu de leurs fonctions, par « mesures conservatoires », deux directeurs de cabinets de ministre, deux secrétaires généraux de ministères et d’autres responsables des départements des Forêts et de l’Economie.

Autre scandale qui noircit l’image de l’administration publique, mais moins médiatisé – peut-être parce que les faits se sont déroulés dans l’arrière-pays –, l’incarcération à la prison d’Oyem de trois fonctionnaires du ministère du Commerce : le directeur de cabinet du ministre, un chef de service départemental et la responsable du Recouvrement à la direction provinciale ont été écroués pour soupçons de « contrefaçon des quittances et de détournement des deniers publics ».

Cette même maison carcérale où séjourne depuis quelques mois un représentant de l’autorité de l’Etat : le sous-préfet d’Akam-Essatouck et préfet intérimaire du Woleu (Oyem), mouillé dans une affaire de trafic de clandestins. Et son collègue de la Basse-Banio qui est, lui, en passe de devenir pensionnaire, avec son épouse, du pénitencier de Mouila, pour « trafic de défenses d’éléphant, détention, achat, commercialisation et complicité de commercialisation ».

Toutes ces affaires, et bien d’autres inconnues du grand public, contribuent à ternir un peu plus l’image déjà peu reluisante d’une administration gangrenée par l’affairisme et l’enrichissement illicite, et où la sanction semble être la chose la moins partagée. En effet, policiers et gendarmes peuvent racketter, à tous coins de rues, des automobilistes (particuliers et transporteurs ), « il faut circuler, il n’y a rien à voir ».

Agents municipaux et ceux en service dans les tribunaux peuvent se livrer à un trafic d’actes de naissance et de jugement supplétifs, au vu et au su de tout le monde, il n’y a pas péril en la demeure, pourvu qu’ils ne soient pris la main dans le sac. Et même là…

Service public tarifé de manière insidieuse ? Il n’y a rien à redire, l’administration manque de fournitures de bureau, etc. Contrôles sur la qualité des denrées alimentaires ? Les préposés aux services ferment les yeux en contrepartie des dessous de table, etc.

Autant d’exemples de concussion et de brèches ouvertes dans lesquelles s’engouffrent certains administratifs qui voient en leurs postes de nomination une « poule aux œufs d’or », pour se sucrer sur le dos de l’Etat. Et aussi longtemps que les sanctions pour des faits avérés seront à géométrie variable pour des fonctionnaires en porte-à-faux avec les exigences du servie public, l’administration ne s’en portera que mal.

Avec L’union