Après une forte poussée de six semaines, la quatrième vague pandémique en Afrique, alimentée principalement par le variant Omicron, est en train de se stabiliser, marquant ainsi la flambée la plus courte à ce jour sur le continent où les cas cumulés ont maintenant dépassé la barre des 10 millions d’infections, a annoncé jeudi le Bureau regionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Afrique.
« Les premières indications suggèrent que la quatrième vague africaine a été abrupte et brève mais non moins déstabilisante », a déclaré dans un communiqué, la Dre Matshidiso Moeti, Directrice du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. Selon l’OMS, les cas hebdomadaires ont atteint un plateau dans les sept jours précédant le 9 janvier par rapport à la semaine antérieure.
L’Agence sanitaire mondiale de l’ONU fait état d’une baisse de seulement 0,2% par rapport à la semaine écoulée. Si cette tendance baissière des cas se poursuit, il s’agira de la vague la plus courte enregistrée à ce jour sur le continent.
« C’est un plateau... mais nous sommes prudents et nous observons les deux prochaines semaines pour être sûrs », a déclaré lors d’un point de presse virtuel depuis Brazzaville (Congo), le Directeur régional pour les urgences sanitaires au Bureau de l’OMS pour l’Afrique, Dr Abdou Salam Gueye.
Une hausse de plus de 120% des cas en Afrique du Nord
Plus largement, les infections ont également diminué dans trois des cinq sous-régions d’Afrique. L’Afrique australe, qui a connu une augmentation considérable des infections pendant la vague pandémique, a enregistré une baisse hebdomadaire de 14% des infections. Preuve de cette tendance baissière, l’Afrique du Sud, où le variant Omicron a été séquencé pour la première fois, a connu une baisse de près de 10% des infections hebdomadaires. L’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale ont également connu une baisse.
Toutefois, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord traversent actuellement une augmentation des cas. La partie septentrionale du continent a même enregistré une hausse de plus de 120% par rapport à la semaine précédente. Par ailleurs, plus de 230.000 personnes sont malheureusement décédées.
« Sur l’ensemble du continent, les décès ont ainsi augmenté de près 65 % au cours de la semaine écoulée, principalement en raison des infections chez les personnes à haut risque », a indiqué le Dr Guèye, relevant toutefois que « les décès enregistrés jusqu’à présent lors de la quatrième vague restent inférieurs à ceux des vagues précédentes ».
Les hospitalisations liées au coronavirus sont restées faibles sur le continent
D’une manière générale, l’OMS estime que les hospitalisations sont restées faibles sur le continent. En Afrique du Sud, par exemple, seul près de 10% des plus de 5.600 lits des unités de soins intensifs sont actuellement occupés par des patients atteints de Covid-19.
Jusqu’à présent, 30 pays africains - et au moins 142 dans le monde - ont détecté le variant Omicron. Le variant Delta a été signalé dans 42 pays d’Afrique. En Afrique de l’Ouest, où les cas de Covid-19 sont en augmentation, le nombre de séquences Omicron entreprises par des pays comme le Cap Vert, le Ghana, le Nigeria et le Sénégal est en hausse. « Au Cap Vert et au Nigeria, Omicron est actuellement le variant dominant », a ajouté le Dr Guèye.
Dans ces conditions, Omicron est devenue le variant dominant dans les pays qui connaissent une recrudescence des cas. Alors qu’il a fallu environ quatre semaines pour que le variant Delta dépasse le variant Beta précédemment dominant, Omicron a dépassé Delta en deux semaines dans les pays africains les plus touchés.
Les taux de vaccinations toujours faibles en Afrique
Si le continent semble résister à la dernière vague de pandémie, le taux de vaccination reste faible. Environ 10% seulement de la population africaine a été entièrement vaccinée. « La contre-mesure pandémique cruciale dont l’Afrique a cruellement besoin est toujours d’actualité, à savoir l’augmentation rapide et significative des vaccinations Covid-19. La prochaine vague pourrait ne pas être aussi indulgente », a alerté la Dre Moeti.
Seuls sept pays ont atteint l’objectif consistant à vacciner 40 % de leur population d’ici décembre 2021 et 26 seulement ont vacciné 10% de leur population - un objectif qui aurait dû être atteint en septembre dernier. Pour l’OMS, les mois à venir seront déterminants pour les efforts de l’Afrique en matière de vaccination.
« Le continent ne peut pas se permettre de rester en marge de cette campagne de vaccination historique », a fait valoir le Directeur régional des urgences de la branche africaine de l’OMS, Abdou Salam Guèye. L’agence onusienne espère que cette nouvelle année devrait marquer « un tournant dans la campagne de vaccination Covid-19 en Afrique ».
« Comme de vastes pans de la population ne sont toujours pas vaccinés, nos chances de limiter l’émergence et l’impact de variants mortels sont terriblement minces. Nous avons le savoir-faire et les outils et, grâce à une action concertée, nous pouvons certainement faire pencher la balance en faveur de la pandémie », a conclu la Dre Moeti.