La président du parti Rassemblement héritage et modernité (RHM, opposition) a réagi ce mardi aux événements survenus à Libreville le 7 janvier 2019. Ci-après la déclaration d’Alexandre Barro Chambrier ce 8 janvier à la chambre de commerce de Libreville.
Mesdames et Messieurs les journalistes
Aux aurores du lundi 7 janvier 2019, la communauté nationale et internationale, ont appris qu’un groupe de jeunes soldats issu de la garde d’honneur attachée à la sécurité de la présidence de la république, a investi le siège et s’est emparé de l’antenne de la radio télévision gabonaise pour dénoncer, suivant leurs propres dires, l’apparition théâtrale et humiliante de monsieur Ali BONGO ONDIMBA, à l’occasion du bref discours à la nation prononcé à la saint sylvestre et la dérive institutionnelle du Gabon.
Après une disparition controversée de deux mois et une campagne d’intenses rumeurs, ce dernier est réapparu aux yeux de tous, incontestablement affaiblit par la maladie, dans une brève mise en scène télévisée, orchestrée par un entourage déterminé à conserver le pouvoir coûte que coûte que dénoncent les mutins, lesquels ont prétendu agir pour sauvegarder la démocratie, la république et redresser l’image de notre pays particulièrement dégradée sur la scène internationale.
Dans leur adresse à la nation, les mutins ont lancé un appel au ralliement à l’endroit d’autres frères d’arme, aux acteurs politiques, aux principales personnalités de la société civile, lesquels sont demeurés pour ainsi dire l’arme au pied. La population, elle aussi invitée à investir la rue, n’a pas franchi son étonnement et ses incertitudes, tant la confusion était grande.
A la suite de cette tentative de coup d’État, j’éprouve un sentiment de tristesse et de désolation pour notre pays. Cette situation illustre s’il en est encore besoin le recul démocratique du Gabon.
De fait, des interrogations surgissent sur la facilité de prise d’assaut du siège de la RTG, sensé pourtant être sécurisé par un dispositif de la Gendarmerie nationale.
Quels sont les ressorts cachés de cette entreprise ? Qui en sont les véritables commanditaires et quelle est l’étendue des complicités ? A qui profite cette situation ?
Dans le fond, le discours des conjurés, est incontestablement en lien avec les tristes évènements de l’élection présidentielle de 2016. Une élection marquée par une vaste fraude électorale soutenue par une grossière partialité des institutions électorales et ponctuée par des massacres dans le quartier général du candidat Jean PING.
Une élection présidentielle traumatisante, vécue par le peuple gabonais comme un incontestable déni de démocratie, de droit et de dignité. Du reste, la récente élection législative et locale jumelée n’a donné aucun signe de progrès…
De ce discours affleure, tant les dissensions nées de la guerre clanique au cœur du pouvoir que de la prégnante et incessante défiance populaire à Ali BONGO ONDIMBA, a sa politique désastreuse et au système.
C’est incontestablement la déplorable mise en scène d’Ali BONGO ONDIMBA à l’occasion du très attendu discours annuel à la nation qui demeure le détonateur de la conjuration. D’aucun pointent la tentative de putsch dans notre pays mais les gabonais savent unanimement que les vrais putschistes sont précisément ceux qui tiennent les leviers du pouvoir dérobé au peuple, aidés dans leurs basses manœuvres par toutes les officines tapies dans l’ombre.
C’est l’accueil soulagé, les prières et les manifestations enthousiastes que la population a réservé a l’annonce de la conjuration qui interpelle une fois encore et donne la mesure de la gravité de la crise politique dans laquelle le Gabon patauge depuis l’élection présidentielle de 2016 qui demeure, tel un cauchemar, dans tous les esprits et qui est bien loin d’être « un feu de paille » tant s’en faut.
L’initiative malheureuse des conjurés s’est déroulée, chacun doit en convenir, sans effusion de sang. Néanmoins deux conjurés auraient péri, selon le porte-parole du gouvernement. Était-il nécessaire pour les forces de l’ordre de porter leur riposte à une telle extrémité ? Puissent les dépouilles des victimes de ce putsch être rendues à leurs familles afin qu’elles soient inhumées dans la dignité que ces soldats ont réclamée dans l’honneur.
Il demeure constamment vrai que l’on ne peut gouverner un peuple contre son gré et que l’autodétermination est consubstantielle à la démocratie.
Ainsi donc et pour solde de tout compte, aussi longtemps que la souveraineté du peuple gabonais ne sera pas respectée, aussi longtemps que la cour constitutionnelle et les institutions électorales de notre pays demeureront partiales, l’ordre constitutionnel qui est en lien avec la souveraineté populaire ne tiendra qu’a un fil.
Le Rassemblement Héritage et Modernité, demande que toute la lumière soit faite sur les récents événements et le droit à un procès équitable pour les conjurés.
Le Rassemblement Héritage et Modernité, demeure attaché à l’ordre constitutionnel et au dialogue véritable et sans exclusive entre toutes les parties pour dégager les voies consensuelles en faveur de la paix.
Le Rassemblement Héritage et Modernité rappelle et soutient sans équivoque que le strict respect de la souveraineté du peuple est le seul fondement de l’ordre constitutionnel, de sa stabilité, de sa crédibilité et de la paix.
Depuis le 27 juin 2015, le R H&M appelle sans cesse les tenants des pouvoirs publics au ressaisissement et au sursaut républicain.
Dans ces moments douloureux, le rassemblement Héritage et Modernité demande au peuple gabonais de ne pas désespérer en cette période sombre de notre histoire.
La liberté, la justice et la démocratie tant réclamées finiront par prévaloir.
QUE DIEU BENISSE LE GABON.
Je vous remercie.
Alexandre Barro Chambrier