L’Afrique détient le pouvoir et les outils pour redessiner un avenir sans pollution plastique


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À l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée le 5 juin, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) demande à chacun de faire ce qu’il peut pour mettre fin à la pollution plastique.

Partout dans le monde, les villes, les océans et les paysages sont encombrés de déchets plastiques, ce qui crée des risques pour la santé humaine, menace la biodiversité et déstabilise le climat, a indiqué dans un communiqué la Directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen.

L’agence onusienne signale que le monde produit environ 430 millions de tonnes métriques de plastique par an et que ce chiffre ne cesse d’augmenter. Elle souligne que les systèmes de recyclage ne peuvent faire face à ce volume, les taux de recyclage étant inférieurs à 10 %.

« Nous ne pouvons pas espérer sortir de cette crise par le recyclage », a déclaré Mme Andersen, appelant à « revoir complètement notre façon d’utiliser, de produire, de recycler et d’éliminer les plastiques, en commençant par éliminer le plus possible le plastique et les substances chimiques nocives qui lui sont associées dans les produits et les emballages  ».

Un accord contraignant pour mettre fin à la pollution plastique

Cette transformation a débuté l’année dernière lors de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement à Nairobi, lorsque les nations ont décidé d’entamer des négociations sur un accord juridiquement contraignant visant à mettre fin à la pollution par les plastiques.

Le deuxième cycle de négociations sur cet accord vient de s’achever, fixant le mandat pour le projet zéro de l’accord avant la prochaine session, prévue à Nairobi, au Kenya, en novembre prochain.

Rôle crucial du continent africain

« Le Kenya et le reste du continent africain auront un rôle crucial à jouer dans cet accord, notamment parce qu’il est né au Kenya », a ajouté la cheffe du PNUE, « surtout parce que c’est dans les pays africains, et dans d’autres pays en développement, que les problèmes d’injustice liés à la pollution plastique se posent  ».

Cela est visible dans les Dandoras du continent – les décharges municipales - où les travailleurs du secteur informel des déchets risquent leur santé pour gagner leur vie, a signalé la défenseure de l’environnement.

Selon Mme Andersen, les nations africaines peuvent insuffler de l’ambition dans l’accord, « ce qui signifie que tout le monde doit se concentrer sur la refonte des produits  ».

Elle exhorte à « repenser les produits pour utiliser moins de plastique - en particulier les plastiques inutiles et problématiques ; repenser l’emballage des produits pour utiliser moins de plastique ; et repenser les systèmes et les produits pour les réutiliser, les recharger et les recycler - de sorte que, par exemple, le polymère recyclé devienne un produit de plus grande valeur que le polymère brut ».

Enfin la Directrice du PNUE a insisté sur le fait qu’il est essentiel de redéfinir le système général dans un souci de justice, « afin que des groupes tels que les travailleurs du secteur informel des déchets bénéficient d’emplois décents et d’un environnement propre  ».

Partage de connaissances

Pour améliorer les faibles taux de collecte des déchets en Afrique, il est important d’investir dans des infrastructures de recyclage et de gestion des déchets pour traiter les plastiques qui ne peuvent pas être éliminés ou réutilisés, a indiqué la cheffe de l’ UNEP .

« Cela signifie qu’il faut s’attaquer à l’héritage de la pollution plastique dans nos océans, qui continue d’échouer sur les côtes des pays africains  », a signalé Mme Andersen.

Les pays africain peuvent également stimuler l’ambition en partageant leurs connaissances. En effet, des centaines de millions d’Africains font déjà beaucoup pour préserver l’environnement dans leur vie quotidienne. Ils réutilisent et réparent les produits – « un mode de vie et une culture qu’il faut réapprendre ailleurs, où le consumérisme « prendre-faire-utiliser-jeter » est devenu dominant  », a estimé Mme Andersen.

De plus, dans toute l’Afrique, des initiatives créatives se sont développées, comme au Rwanda où le gouvernement a soutenu des usines locales pour qu’elles s’orientent vers la production de bambou et de matériaux à base de papier après avoir interdit les sacs en plastique à usage unique.

« Ce sont ces initiatives qui permettront aux nations africaines de s’orienter vers un avenir sans plastique, en proposant des solutions innovantes en matière de fabrication, d’emballage et de conception », a fait valoir la responsable onusienne.

Les gouvernements africains peuvent ainsi conduire la transformation nécessaire, au niveau national et mondial, en partageant ces pratiques et en veillant à ce que la législation favorise de nouveaux modèles d’entreprise plutôt que de revenir à la production de plastique à usage unique.

Mme Andersen a insisté sur le fait que l’application de la loi est également importante, et est encouragée par les actions entreprises par l’autorité nationale de gestion de l’environnement du Kenya pour lutter contre les plastiques illégaux à usage unique.

Journée mondiale

En s’appuyant sur la science et les solutions disponibles pour s’attaquer au problème, les gouvernements, les entreprises et les autres parties prenantes doivent intensifier et accélérer les mesures pour faire face à cette crise.

Les consommateurs peuvent aussi réduire la demande en refusant le plastique lorsque c’est possible. Enfin, les communautés peuvent mettre la pression en utilisant leur voix.

« Si nous agissons dans un but commun, nous pouvons pratiquement éliminer la pollution plastique d’ici 2040, réduire les coûts sociaux, environnementaux et de santé humaine, créer des centaines de milliers d’emplois, principalement dans les pays en développement, et ouvrir de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités commerciales  », a conclu Inger Andersen.