L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié, mardi, deux nouvelles directives pour interdire le tabac et le vapotage à l’école chez les jeunes, afin de contribuer à la protection de la santé des enfants, juste à temps pour la rentrée scolaire dans de nombreux pays.
Avec ce nouveau guide, l’agence sanitaire mondiale de l’ONU entend aider à créer des écoles sans nicotine ni tabac. Les politiques d’interdiction de la nicotine et du tabac contribuent à empêcher les jeunes de commencer à fumer, à créer un corps étudiant plus sain et plus productif, à protéger les jeunes des produits chimiques toxiques contenus dans le tabagisme passif, à réduire les déchets de cigarettes et à diminuer les coûts de nettoyage.
Pour que les écoles puissent prévenir et réduire efficacement le tabagisme chez leurs élèves, l’ OMS estime qu’elles doivent créer un environnement qui encourage les croyances et les comportements anti-tabac et anti-nicotine.
« Qu’ils soient assis en classe, qu’ils jouent dehors ou qu’ils attendent à l’arrêt du bus scolaire, nous devons protéger les jeunes de la fumée secondaire mortelle et des émissions toxiques des e-cigarettes, ainsi que des publicités qui font la promotion de ces produits », a déclaré dans un communiqué, le Dr Ruediger Krech, Directeur de la promotion de la santé à l’OMS.
Tabagisme passif
Chaque année, le tabac tue plus de 8 millions de personnes, soit une personne toutes les quatre secondes. Environ 7 millions de ces décès sont dus à l’usage direct du tabac, tandis que 1,3 million d’autres résultent de l’exposition des non-fumeurs à la fumée secondaire.
La moitié des enfants dans le monde respirent un air pollué par la fumée de tabac et environ 51.000 enfants meurent chaque année de maladies liées à l’exposition au tabagisme passif.
Sur les campus scolaires, l’usage de la nicotine et du tabac normalise non seulement un comportement malsain, mais expose également les non-utilisateurs aux méfaits de la fumée secondaire et des émissions de l’e-cigarette.
« Il est tout à fait clair que les écoles sont particulièrement bien placées pour jouer un rôle majeur dans la réduction du grave problème du tabagisme et de la consommation de tabac et de nicotine chez les enfants », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, la Dre Kerstin Schotte, experte à l’OMS. « Étant donné que les enfants passent près d’un tiers de leur temps d’éveil à l’école et qu’une grande partie de la pression exercée par leurs pairs s’exerce dans cet environnement éducatif, les écoles jouent un rôle essentiel ».
Interdire la publicité
Ce nouveau guide et cette boîte à outils sont des manuels étape par étape permettant aux écoles de créer des campus sans nicotine ni tabac, mais ils adoptent une approche « à l’échelle de l’école », qui inclut les enseignants, le personnel, les élèves, les parents, etc. Ils abordent des sujets tels que la manière d’aider les élèves à arrêter de fumer, les campagnes d’éducation, la mise en œuvre de politiques et la manière de les faire respecter.
Pour y arriver, le guide met en évidence quatre façons de favoriser un environnement sans nicotine ni tabac pour les jeunes. Il s’agit notamment d’interdire les produits à base de nicotine et de tabac sur les campus scolaires, mais aussi interdire la vente de produits à base de nicotine et de tabac à proximité des écoles.
L’agence sanitaire mondiale de l’ONU exhorte ses Etats membres à interdire la publicité et la promotion directes et indirectes de la nicotine et des produits du tabac à proximité des écoles. Cela passe également par le refus d’un parrainage ou d’un engagement avec les industries du tabac et de la nicotine.
90% des fumeurs commencent à fumer avant l’âge de 18 ans
Ces dernières années, la nicotine a été rendue plus séduisante et plus accessible par la commercialisation de produits à base de nicotine dans des arômes sucrés et fruités et par la vente de produits à proximité des écoles, en ligne et dans des distributeurs automatiques, où la vérification de l’âge peut être contournée. L’industrie du tabac cible sans relâche les jeunes avec des produits à base de tabac et de nicotine, ce qui se traduit par une augmentation de l’utilisation de l’e-cigarette et par le fait que 9 fumeurs sur 10 commencent à fumer avant l’âge de 18 ans.
Des échantillons gratuits sont souvent mis à leur disposition pour les inciter à commencer à fumer. « L’industrie tente donc de remplacer tous les clients qu’elle perd en recrutant de nouveaux utilisateurs. Les enfants et les adolescents deviennent donc des cibles privilégiées », a expliqué la Dre Schotte.
C’est dans ce contexte que le mois dernier, les autorités américaines ont mis en garde les entreprises contre la vente d’e-cigarettes illégales qui attirent les jeunes en ressemblant à des fournitures scolaires, à des personnages de dessins animés, voire à des ours en peluche.
Dans le monde, des pays ont mis en œuvre avec succès des politiques en faveur de campus sans tabac ni nicotine, notamment l’Inde, l’Indonésie, l’Irlande, le Kirghizistan, le Maroc, le Qatar, la Syrie, l’Arabie Saoudite et l’Ukraine.