Les provinces de la Nyanga et la Ngounié ont perdu un illustre fils. Le pédiatre, professeur André Moussavou Mouyama, ancien recteur de l’UOB et de l’Université des sciences et de la santé s’est éteint à l’âge de 72 ans, le 20 janvier dernier à Nantes. Sous les auspices de la famille éplorée, en présence d’une forte communauté gabonaise, de l’Ambassadeur Haut Représentant du Gabon en France, Flavien Enongoué, du Consul Général, Fabrice Boussougou Bousougou, une veillée mortuaire et une messe ont été ordonnées les 27 et 28 janvier à la chambre funéraire de l’Orvasserie (Saint-Herblain) et à l’église Saint Michel de la Croix Bonneau à Nantes. Le correspondant de Gabonmatin nous vous fait revivre ces moments.
« La mort engloutit l’homme, elle n’engloutit pas son nom et sa réputation » dit un dicton africain. En effet, le nom de l’illustre disparu professeur André Moussavou Mouyama et le rôle d’humaniste et d’altruiste de sa vie ont été ravivés ces deux cérémonies d’hommage en France. Lors de la veillée mortuaire du 27 janvier à la chambre funéraire de l’Orvasserie de Saint-Herblain, on pouvait saisir une profonde tristesse et de pleurs sur les visages de la famille. Mais aussi, sur ceux des amiset connaissances, ses anciens étudiants, collègues qui ont fait le déplacement venant de tous les recoins de la France.
Une vue de l’assistance, au premier rang l’artiste AFB
L’artiste Annie-Flore Batchiellilys (AFB), parentée au défunt et qui entretenait une relation de complicité avec le fils aîné de Mouyama a entonné en chœur un chant en langue ipunu sur l’unité de la famille. Cette rengaine n’a pas laissé de marbre son petit frère, l’ancien ministre Alfred Mabika Mouyama sanglotant à chaudes larmes qui a repris une jolie comptine suédoise sur l’amitié, intitulé « Qui peut faire de la voile sans vent », adulée par son défunt frère aîné. Ce dernier qu’il considérait a-t-il déclaré comme « son conseiller spécial », « la voix et la sagesse de leur père incarné ». D’ailleurs, plusieurs de ses amis dont membres de la diaspora résistante, n’ont pas manqués de faire le déplacement en exprimant leur soutien fraternel et moral.
« André je ne pourrais pas t’accompagner à Mouila toi-même tu sais pourquoi ! »
Une vue de l’assistance à l’église Saint Michel de la Croix Bonneau
A l’église Saint Michel de la Croix Bonneau à Nantes, la cérémonie fût sobre et pleine de leçons de vie et de sagesses spirituelles que célébraient en son temps le pédiatre humaniste de renom. Sans omettre le lot d’émotions et des valeurs cardinales de pardon, d’amour du prochain et de la patrie, d’unité, de rigueur scientifique, de travail acharné, conformément au patriote républicain et à l’homme croyant dévolu, qu’a été le regretté enseignant chercheur.
Entre témoignages d’amis, fidèles, le prête a rappelé « le sens de l’intérêt général », « du don de soi », « de l’unité familiale » de celui qui avait prêté le serment d’hypocrate. Serment d’Hippocrate qu’avait prêté à la prestigieuse faculté de médecine de Montpelier, le médecin pédiatre que fût André Moussavou avant de commencer à exercer son métier avec passion et abnégation.
Prenant la parole à son tour pour prononcer son témoignage hommage, l’ancien ministre, Alfred Mabika Mouyama, petit frère du disparu a déclaré ce qui suit : « André comme tous les fils de mon père Yamé-Yamé et de ma mère sont l’émanation d’une cristallisation de l’union des deux régions de la Ngounié et de la Nyanga que l’on a toujours voulu diviser, amour fusionnel des souches ghisir et yipunu. C’est le fruit d’un alliage de la fermeté et d’une souplesse d’esprit, dialogue entre passé et futur, synthèse harmonieuse entre tradition et modernité, communion entre l’Afrique et l’Occident ».
Une vue des autorités diplomatiques
Poursuivant ses propos, l’ancien ministre, a rappelé : « André est issu d’une famille paysanne, pauvre ancrée dans la tradition et la culture de la rigueur et de la dignité humaine. La rencontre entre le milieu traditionnel et l’univers occidental qui s’opère par le biais de l’école, sera le terreau fécond d’une effervescence intellectuelle et d’une appétence culturelle qui feront d’André Moussavou Mouyama l’hédoniste ayant fait du travail sa religion. Le médecin en lutte perpétuelle contre toute forme de morbidité, le scientifique rigoureux, le rationaliste tournant en dérision tous les mendiants de miracles, l’humaniste impénitent adepte du Vrai, du Bien et du Beau ».
Alfred Mbika, prononçant l’hommage à son frère aîné
Le fils de Mouila, a retracé le parcours de formation de son frère aîné « de l’école primaire de Dissiala à ma prestigieuse faculté de médecine de Montpellier, en passant par les collèges catholiques de Saint-Gabriel à Mouila et Bessieux à Libreville, André va s’épanouir comme un poisson dans l’eau, fédérant toujours autour de lui intelligences et fraternités vertueuses mais aussi amitiés légères et inimitiés tenaces immanquables face à l’excellence ».
Alfred Mabika, très peiné, désormais exilé politique en France entouré par la présence de ses amis et connaissances dont sieurs Alfred Nguia Banda, Ludovic Ognagna, eux-aussi exilés politiques a conclu son hommage en ces termes : « André je ne pourrais pas t’accompagner à Mouila où tu dois être enterré près de notre père, toi-même tu sais pourquoi ! Sans doute a-t-il blessé plus d’un par des mots, des pensées ou des actes malencontreusement inspirés par des mauvais compagnons qui sommeillent en chaque homme. Accorde donc Ô Seigneur, ton pardon à cet être de chair et de sang qui a pu s’égarer dans son comportement avec ses semblables ; mais son âme sur terre fut un hymne à la vie. Professeur de pédiatrie, il connaissait la souffrance et l’espérance. La solitude l’a surpris dans cette posture et a eu raison de son souffle de vie mais l’espérance demeure et nous le rend tel que nous l’affirmons : RADIEUX ».
Cette cérémonie commémorative s’est achevée avec une collation conviviale dite du partage et de l’union marquée par des retrouvailles familiales, amicales et d’une communion fraternelle ; valeurs que le regretté défendait corps et âme de son vivant. La dépouille sera acheminée à Libreville pour une messe à la paroisse Saint Pierre de Libreville ce vendredi 31 janvier, puis, à Mouilla où le pédiatre reposera en paix.