La région de Mopti, dans le centre du Mali, est affectée depuis plusieurs mois par une escalade de la violence marquée par plusieurs massacres de civils. Pour briser ce « cycle infernal », la Mission des Nations Unies, la MINUSMA, a développé un plan d’urgence en soutien aux autorités maliennes pour protéger les civils.
Lors d’une récente visite au siège des Nations Unies à New York, l’envoyé de l’ONU pour le Mali, Mahamat Saleh Annadif, a rencontré ONU Info. Il a expliqué les cinq priorités de ce plan d’urgence appelé Oryx.
« Lorsque la MINUSMA a été déployée au Mali, son mandat ne comprenait pas le Centre. Malheureusement, à la suite de ce qui s’est passé l’année dernière, on nous a aussi donné pour mission de s’occuper du Centre », a précisé M. Annadif.
La première priorité du plan d’urgence est de multiplier les patrouilles dans les zones sensibles pour que la présence soit visible, qu’elle rassure, qu’elle dissuade et qu’elle anticipe.
La deuxième priorité est d’aider les Maliens à combattre l’impunité. La MINUSMA aide ainsi le système judiciaire malien à se déployer et fait en sorte que sa Division chargée des droits de l’homme puisse enquêter et faire des recommandations au gouvernement malien.
La troisième priorité, ce sont les populations meurtries, dont les villages et les greniers ont été brûlés. « Ce sont des gens démunis (…) Nous ouvrons un couloir pour permettre aux humanitaires d’intervenir pour subvenir aux besoins immédiats mais aussi pour donner des semences », a expliqué l’envoyé de l’ONU.
La quatrième priorité, ce sont les unités onusiennes spécialisées dans la médiation. La MINUSMA leur ouvre des couloirs « pour qu’elles entrent en contact avec les populations, pour qu’elles puissent faire la médiation, les rapprocher, les réconcilier et les encourager dans la cohésion sociale ».
Enfin la cinquième priorité de l’opération Oryx, qui se fait en coordination avec les forces de défense et de sécurité maliennes, c’est une opération de communication tous azimuts se basant sur les radios locales et les radios communautaires, les communicateurs traditionnels (chefs religieux et chefs coutumiers), pour faire passer un message de paix et de cohabitation pacifique.
Un plan d’urgence relayé par une stratégie dédiée au Centre
Ce plan d’urgence a commencé le 9 avril et va se poursuivre jusqu’à fin juillet. Il sera relayé par une stratégie dédiée au centre du pays avec des agences des Nations Unies (UNICEF, OMS, PAM, …) « pour prévenir et guérir et faire en sorte qu’il n’y ait pas ce cycle infernal de violence », a précisé Mahamat Saleh Annadif.
Pour appuyer ces activités, le chef de la MINUSMA n’estime pas avoir besoin de davantage de Casques bleus. « Pour le moment, nous avons fait un réajustement de nos capacités existantes, tout en maintenant notre dispositif au niveau du Nord », a-t-il expliqué. Le conflit du Centre est en effet intimement lié avec ce qui se passe au niveau du Nord du Mali.
« Nous avons besoin de notre présence au Nord pour maintenir l’unité du Mali mais également pour poursuivre nos actions avec les groupes signataires de l’accord de paix pour arriver à la mise en œuvre de cet accord », a ajouté Mahamat Saleh Annadif.
« Mais si demain on nous donne d’autres tâches à faire, on sera obligé de demander l’augmentation de l’effectif et on sera aussi obligé de demander des ressources supplémentaires. Mais jusque-là nous avons essayé de nous serrer la ceinture », a-t-il encore dit.