Méningite : des nouvelles directives de l’OMS pourrait sauver des millions de vies


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Des millions de décès liés à la méningite pourraient être évités grâce aux nouvelles recommandations, publiées jeudi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), afin d’aider les pays les plus vulnérables à diagnostiquer et traiter cette maladie, particulièrement répandue en Afrique subsaharienne.

� Toutes les familles qui ont eu un cas de méningite comprennent la peur que cette maladie peut engendrer  », a affirmé la cheffe de l’équipe de l’ OMS pour la méningite, Dre Marie-Pierre Preziosi, lors d’une conférence de presse pour le lancement des nouvelle directives au siège de l’agence, à Genève.

2,5 millions de cas recensés chaque année

N’importe qui peut être infecté par la méningite, quel que soit l’âge et le lieu de résidence des patients. Cette inflammation des tissus qui entourent le cerveau et la moelle épinière se transmet par les sécrétions respiratoires ou les gouttelettes lors d’un contact humain rapproché. L’infection est causée par une bactérie ou un virus et peut entraîner de graves séquelles, voire la mort.

Si les pays à revenu faible ou intermédiaire sont les plus touchés, la « ceinture africaine de la méningite  », qui regroupe 26 pays allant du Sénégal à l’Éthiopie, est la region qui compte le plus grand nombre de cas et d’épidémies. Sous sa forme bactérienne, la plus grave, la méningite peut être mortelle dans l’espace de seulement 24 heures, avec une personne sur six qui décède des suites de l’infection. 

Une personne sur cinq souffrent de séquelles

L’OMS indique qu’environ 20 % des personnes qui contractent la méningite bactérienne ont des séquelles allant du handicap à des atteintes neurologiques, parfois à vie. Pour les éviter, la cheffe de l’unité cérébrale de l’OMS, Dre Tarun Dua, appelle à accorder une vigilance accrue à la couverture vaccinale.

Au nombre des séquelles de la maladie figure notamment la perte auditive, qui peut être particulièrement nocive pour les enfants dans le cadre de l’insertion à l’école. Un traitement peut toutefois être mis en place pour garantir que l’enfant soit bien intégré à l’école et dans la société, à condition de détecter rapidement les symptomes, a précisé la Dre Dua. 

Vaccination et diagnostic

Également présent à la conférence de presse, le Dr Lorenzo Pezzoli a ajouté que la vaccination est un élément essentiel pour traiter la maladie. Ce responsable de l’équipe chargée de la méningite et des maladies bactériennes épidémiques à l’OMS a précisé qu’un groupe de trois ou quatre cas, chez des écoliers, pouvait être endigué et traité avec des antibiotiques, à condition que les taux de vaccination soient élevés.

Cependant, il a souligné que certains pays ne disposent pas des technologies nécessaires pour diagnostiquer la maladie, un procédé plus complexe que celui de la COVID-19. « Vous devez insérer une aiguille dans la colonne vertébrale et tester le liquide qui en sort  », a expliqué le Dr Pezzoli. « Tous les systèmes de santé, tous les établissements de santé dans les pays de la ceinture de l’Afrique, n’ont pas cette capacité  ». 

Parmi les obstacles au diagnostic, le médecin cite notamment les crises et la perturbation du système de santé, des programmes de vaccination et de l’accès aux soins. Les contextes dans lesquels « les gens ne peuvent pas obtenir le traitement dont ils ont besoin le plus rapidement possible... sont des terrains fertiles pour les épidémies de méningite  », a signalé le spécialiste en méningite.

Bénéfices collatéraux des nouvelles directives

Les directives de l’OMS permettront à tous les pays de « savoir quoi faire et comment diagnostiquer la méningite le plus rapidement possible, et bien sûr comment la traiter et ensuite prendre soin de toutes les séquelles neurologiques  », a expliqué le Dr Pezzoli. Toutefois, la prévention demeure « la pièce la plus importante du puzzle  », a-t-il affirmé le Dr Pezzoli, dont le fils de deux ans a déjà reçu son injection contre la méningite. 

Les stratégies de prévention, de traitement et de vaccination proposées par l’OMS pour éliminer ce fléau s’appliquent également à de nombreuses autres infections bactériennes. Elles permettraient ainsi aux pays les plus démunis de faire face aux cas les plus graves, même au-delà de la méningite. Les lignes directrices sont « un point d’entrée pour renforcer les services [de santé] pour toute une gamme  » de pathologies, a salué pour sa part la Dre Tarun Dua.