Suite à la campagne médiatique qui a permis de dénoncer les fausses cartes grises, les cartes grises à doublon et les visites techniques frauduleuses produites par les centres de contrôle techniques agrée par l’Etat, la rédaction de Gabon a rencontré le président de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises et Industries (CGPMEI), Emmanuel Marcos Zué Méyé Eyéné qui a bien voulu répondre aux questions suivantes. Au cours de cette interview, ce dernier a fait le point sur le contenu des discussions entreprises avec le Syndicat National des Directions Générales des Transports Terrestres (SYNADGTT).
Gabon Matin : Monsieur le Président, bonjour. Après des semaines de récriminations à l’endroit des responsables de la Direction Générale des Transports Terrestres (DGTT), au sujet des faux et usage de faux dans l’établissement des cartes grises, des plaques d’immatriculations et des visites techniques, pouvez-vous nous faire le point sur l’évolution de ce dossier ?
Emmanuel Marcos Zué Méyé Eyéné : Nous avons entrepris des actions de dénonciations publiques, parce-que la DGTT n’était pas et ne nous semble toujours pas disposée à conduire les réformes qui s’imposent pour mettre un terme aux faits ici décriés depuis des semaines. A la suite de la collecte et de la centralisation de toutes les informations relatives à ces faits criminels, nous pouvons dire avec certitude qu’il y a des implications qui mettent en doute la probité des responsables de cette administration.
Dans le cas des fausses cartes grises par exemple, nous constatons que depuis le début de nos dénonciations plus aucun véhicule ne se présente en visite technique à Gabon Autosur avec des documents de cette nature. Mais il est évident que ces véhicules sont pourtant bien en circulation. Alors où vont-ils désormais établir leurs visites techniques. Pourquoi cette situation ne préoccupe-t-elle pas la DGTT.
Pourquoi à ce jour, nous ne sommes toujours pas conviés à une séance de travail indiquant les orientations des investigations sur ces faits désormais considérés par tous dans le secteur comme un phénomène social. Quand il s’est agi de la falsification de faux résultats du COVID-19, nous avons tous vu le COPIL menacer de déposer une plainte contre les réseaux de faux documents de cette nature. Pourquoi ce silence de la DGTT face à une reproduction frauduleuse d’un document aussi sensible que la carte grise ? Pourquoi les responsables du centre national d’édition de documents de transports veulent faire croire à une situation sans gravité dédramatisant ces faits ?
Au sujet des immatriculations controversées et des fausses visites techniques, là encore aucune action n’est entreprise. Le centre de contrôle technique Auto Bilan Agréé a admis devant tout le monde qu’il sous-traite le service d’établissement des plaques d’immatriculation à son concurrent Gabon Autosur. Cette pratique constitue une violation en son article 3 des termes de sa convention qui la lie au ministère transports. C’est dans ce même esprit que la délivrance des plaques destinées aux immatriculations temporaires se retrouve en plaques diplomatiques. Nous constatons également que dans la même logique, cette entreprise délivre encore en toute impunité les visites techniques poids lourds sans matériel ni installations appropriées.
En clair, l’attitude inconséquente des responsables de la DGTT porte à croire que nous évoluons dans un pays sans foi ni loi, vue qu’aucun signal fort ne vient marquer nos plaintes dans une affaire qui impact la sécurité routière, la sécurité publique et la sécurité nationale avec une incidence sur l’économie nationale.
Gabon Matin : Monsieur le Président, il nous semble que tous ces problèmes ont fait l’objet de discutions entre la CGPMEI et le SYNADGTT. Que retenir de ces échanges ?
Emmanuel Marcos Zué Méyé Eyéné : D’abord il faut retenir que les discutions avec le SYNADGTT ne sont pas des discussions directes avec l’administration, même si certains responsables ont pris une part active à ces échanges. Il se trouve que nous avons eu les responsables de la DGTT et du centre à titre consultatif. Nous les consultions pour avis et indications. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à la suite de nos discussions nous avons consigné à titre de recommandations nos orientations dans une note explicative qui a été récemment transmise au ministre des transports. Il convient de dire ici que le ministre des transports qui attendait l’issue de ces travaux nous recevra dans quelques jours pour une étude détaillée desdites recommandations. Mais je peux me permette de vous dire que s’agissant des cartes grises, l’une de nos grandes orientations porte sur l’ouverture d’une enquête pour savoir à qui profite les sous déclarations d’immatriculations. Nous nous sommes également prononcés sur le soutien à apporter à la société SASL qui avait déjà commencé à solutionner l’épineuse question de la numérisation des documents de transports qui constitue la réponse adaptée pour mettre un terme à l’usage du faux et à la fin des doublons. Devant toute l’assistance à ses échanges, il a aussi été clairement admis que la société SGTC/Auto bilan Agréé ne disposait pas d’équipements et d’installations exigées pour effectuer les visites techniques poids lourds. Par conséquent il fallait procéder à l’arrêt immédiat desdites prestations au sein de cette entreprise.
Gabon Matin : Monsieur le président ma troisième question porte sur la légalité du Certificat provisoire d’immatriculation. Il me semble que cela a fait l’objet d’intenses discutions entre la CGPMEI et le SYNADGTT.
Emmanuel Marcos Zué Méyé Eyéné : Effectivement la question de la légalité a été débattue au cours de échanges avec les membres du SYNADGTT et ceux du centre. Nous ne sommes pas tombés d’accord sur cette question et nous avons décidé de nous en remettre à l’arbitrage des juristes. Mais je ne me permets de dire qu’il n’y a aucun texte qui encadre la production du certificat provisoire d’immatriculation. Rien ne fixe le cadre légal d’établissement, de délivrance et les limites applicables ou d’exploitation de ce document et la Note du directeur général des transports terrestres, en date 15 février 2018 dans laquelle il dénonce lui-même le caractère illégal de ce document, il y a lieu de penser que les automobilistes sont trompés volontairement. Cette pose encore question de savoir à qui profitent ces sous déclarations d’immatriculations.
Gabon Matin : Pour conclure notre entretien, peut-on savoir quelles peuvent être vos actions de recours si le ministère vient à ne pas m’être en application vos recommandations ?
Emmanuel Marcos Zué Méyé Eyéné : Vous savez, contrairement aux différentes opinions nous pensons que le Gabon est un état de droit. Nous nous sommes engagés dans une démarche de respect de la légalité et nous allons continuer dans ce sens. Nous avons l’assurance que monsieur le ministre des transports veut parvenir à solutionner les situations ici décriées et qu’il ne ménagera aucun effort allant dans ce sens.
Mais nous sommes aussi conscients des nombreuses implications autour de ces faits qui profitent à bien des personnes dans l’obscurité et que ces influences sont à l’origine du pourrissement et de la persistance de ces actes criminels. C’est pour cela que nous ne cessons de dénoncer publiquement afin d’éloigner toutes les mains noires dans ce dossier.
Nous osons espérer que le Coordonnateur Générale des Affaires Présidentielles portera une attention particulière à nos dénonciations ici préjudiciables à la sécurité de tous les Gabonais et de notre économie au profit d’un groupuscule d’individus mal intentionnés.