Etats-Unis : Une exposition inédite sur l’esclavage donne de l’espoir en l’humanité


Crédit photo : © 2023 D.R.

Un grain de riz, un collier en or et un tronc de bois lourd de trois mètres de long pour restreindre les chevilles et le cou sont autant d’objets qui figurent dans l’exposition interactive sur l’esclavage qui vient d’ouvrir au Siège des Nations Unies, a New York.

Une multitude d’objets témoignant des pages les plus sombres de l’Histoire sont actuellement exposée au Siège de l’ONU, dans le cadre de l’exposition « Esclavage : Dix histoires vraies d’esclavage colonial néerlandais » [Slavery : Ten True Stories of Dutch Colonial Slavery] du Rijksmuseum d’Amsterdam qui a ouvert ses portes cette semaine jusqu’au 30 mars.

L’exposition s’articule autour d’un objet principal : une lourde planche de bois appelée « tronco », tronc d’arbre en portugais. Ce sinistre engin était utilisé afin d’empêcher les esclaves de s’échapper lors du sommeil ou de leur infliger un châtiment corporel. Selon la datation par le radiocarbone, il date d’entre 1700 et 1850. Il a été découvert dans les années 1960 dans une grange de Zélande, un région des Pays-Bas.

Le « tronco » constitue un rappel matériel brutal que 15 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été victimes d’un odieux système légalisé pendant des siècles, a déclaré le Programme de sensibilisation des Nations Unies sur la traite transatlantique des esclaves et l’esclavage, créé par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2006, qui a coordonné l’événement.

Des profiteurs aux combattants de la liberté

Autour du « tronco », des panneaux interactifs racontent l’histoire de personnes originaires du Bangladesh, du Brésil, des Pays-Bas, d’Afrique du Sud, du Suriname, des Caraïbes et d’Afrique de l’Ouest, liées à la traite néerlandaise, qui a réduit en esclavage environ un million de personnes dans le monde entre le XVIIe et le XIXe siècle.

Les visiteurs peuvent scanner les codes QR sur chacun des panneaux pour accéder à des enregistrements actuels de descendants et d’autres personnes liées aux profiteurs, aux victimes et aux combattants de la liberté. Mme Smeulders a expliqué que les récits ont été méticuleusement « étudiés et réétudiés » par une série d’experts, dont des historiens, un directeur de théâtre, un décorateur d’intérieur, des artistes et un biologiste qui a mené des analyses d’ADN.

Les conservateurs ont eu du mal à choisir seulement 10 histoires parmi plus d’un million, selon la co- conservatrice. « Il y a des millions d’histoires, bien sûr, mais nous voulions que ces 10 histoires donnent un aperçu du système  », a-t-elle afirmé.

Du style de vie des riches à la fuite vers la liberté, l’exposition raconte l’histoire de Surapti, originaire d’Indonésie, qui est passé de l’esclavage au combat pour la liberté. Ou encore celle d’Oopjen, l’épouse revêtue de dentelle d’un magnat hollandais du sucre qui profitait de l’esclavage, et qui a vu son portrait peint par Rembrandt lui-même.

Il y a aussi la courageuse Sapani, qui a caché dans ses cheveux tressés de minuscules grains de riz originaires d’Afrique de l’Ouest lorsqu’elle a été forcée de monter sur un bateau en partance pour le Suriname. Lorsqu’elle a fui l’esclavage dans une plantation, elle a utilisé ces semences qui sont à terme devenues une source de nourriture essentielle pour les communautés nouvellement établies et un symbole de la liberté durement gagnée.

Plus qu’une seule histoire

L’exposition intervient à un moment où les dirigeants du monde entier prennent en compte le passé colonial et tentent de faire amende honorable, y compris par la restitution d’objets pillés à l’époque coloniale. En décembre, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a présenté des excuses officielles pour le rôle joué par son pays dans la traite des esclaves.

« Il ne s’agit pas seulement d’histoire, mais aussi de notre avenir commun », a précisé Mme Smeulders. « L’héritage de l’esclavage est présent parmi nous tous les jours. Nous devons nous en préoccuper, et plus particulièrement de tous les types de discrimination et de racisme qui existent encore  ».

Il est très important pour nous que cette conversation ait lieu ici, aux Nations Unies et que l’exposition serve de « bâton de parole » pour qu’elle puisse être répandue, a-t-elle ajouté.

« Une partie de la solution consiste à reconnaître qu’elle est liée à ce passé et qu’en comprenant le passé, nous comprenons également la société d’aujourd’hui  », a-t-elle ajouté.

Lors de l’inauguration de l’exposition, Melissa Fleming, Directrice du Département de la Communication globale de l’ONU, qui a accueilli l’événement, a fait valoir que l’enseignement, l’apprentissage et la compréhension de cette histoire « nous aident dans notre travail pour mettre fin au racisme et à l’injustice et pour construire des sociétés inclusives basées sur la dignité et les droits de l’homme pour tous  ».