Avec la montée de la xénophobie, des préjugés et des discours de haine, la communauté des Nations Unies s’est réunie mercredi pour lancer un appel à l’action afin d’éradiquer le racisme et la discrimination à travers le monde.
L’appel a eu lieu lors de la cérémonie annuelle marquant la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale qui est organisée pour se souvenir du massacre de Sharpeville du 21 mars 1960 dans l’Afrique du Sud de l’apartheid.
La commémoration de cette année coïncide également avec le 75e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH).
Héritage nocif
Dans son allocution d’ouverture, le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Csaba Kőrösi, a souligné la nécessité de mener des « efforts incessants » pour lutter contre le racisme, car l’héritage des systèmes racistes d’esclavage, d’apartheid et de ségrégation résonne encore dans les communautés, les institutions et « ainsi que dans nos esprits ».
« Comme un virus, le racisme mute et s’adapte aux différentes époques et contextes. On dit que ’le racisme c’est comme une Cadillac, il y a un nouveau modèle chaque année’. En fait, ses manifestations et ses symptômes peuvent changer, mais l’ampleur de ses dommages demeure intacte », a-t-il déclaré.
Le racisme et les discours de haine assiègent les sociétés dans de nombreuses directions, y compris par le biais de la technologie et en ligne, a signalé M. Kőrösi. Il a expliqué que les algorithmes peuvent perpétuer les stéréotypes et les préjugés raciaux, tandis que la technologie peut être utilisée pour accroître la surveillance illégale et renforcer les pratiques discriminatoires.M. Kőrösi a exhorté les pays à « œuvrer pour le monde juste et égal que l’ONU est censée promouvoir ».
« Nous le devons aux Emmet Tills, aux Malik Oussekine, aux George Floyd de ce monde - à tous ceux qui sont devenus la proie de l’illusion artificielle qu’est le racisme », a-t-il ajouté. « Nous le devons aux Marcus Garvey, aux Rosa Parks, aux Mahatma Ghandis, aux Rigoberta Menchu Tums et aux Nelson Mandela de ce monde - à tous ceux qui ont consacré leur vie à combattre la discrimination et la violence raciale ».
« Jouer avec le feu »
Pour sa part, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré que chaque pays est touché par cette « violation profondément préjudiciable et généralisée des droits de l’homme et de la dignité » qu’est la discrimination raciale.
« Lorsque les gouvernements et d’autres autorités utilisent le racisme et la discrimination à des fins politiques, ils jouent avec le feu », a-t-il averti, notant que la « conflagration de la violence et des atrocités » qui en a résulté s’est reflétée à travers l’histoire.
Combattez le racisme partout
M. Guterres a déclaré qu’il se joignait à l’appel du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme à tous les gouvernements pour qu’ils adoptent des plans d’action nationaux complets et dotés d’échéances pour lutter contre le racisme et la discrimination.
Les plans, qui devraient être en place d’ici décembre, devraient inclure une législation et des politiques anti-discrimination fondées sur des preuves et des données.
Le chef de l’ONU a également décrit les propres initiatives de l’ONU pour lutter contre le racisme dans ses rangs, notamment la nomination d’un Conseiller spécial qui dirige une équipe chargée d’élaborer une formation contre le racisme.
« Aux Nations Unies et dans le monde entier, nous devons transformer les aspirations de la Déclaration universelle en réalité pour tous les peuples, sans distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique », a-t-il déclaré
« En cette année anniversaire, travaillons ensemble pour éradiquer le racisme et la discrimination raciale et défendre la dignité et les droits de tous, partout », a exhorté M. Guterres.
Pas de place pour la discrimination
Partout dans le monde, trop de personnes sont encore confrontées à la haine raciale ou luttent contre les chaînes de la violence raciale et de la pauvreté, a, à son tour, déclaré le maire de New York, Eric Adams, lors de la cérémonie.
« La discrimination n’a pas de frontières », a-t-il déclaré. « On la voit dans l’éducation. On la voit dans les soins de santé. Nous la voyons dans le changement climatique. Nous la voyons dans l’accès à l’eau potable et à une alimentation saine ».
M. Adams, qui a pris ses fonctions en janvier 2022, n’est que le deuxième Afro-Américain à occuper le poste de maire de New York, qui abrite le siège de l’ONU.
Le maire a énuméré les mesures prises jusqu’à présent pour lutter contre la discrimination raciale dans la ville, y compris le lancement du Bureau pour la prévention des crimes de haine et la promotion de la diversité grâce au programme « Breaking Bread, Building Bonds » [Partager du pain, créer des liens], qui rassemble des personnes d’horizons différents pour partager un repas et une conversation.
« Nous progressons, mais nous devons continuer à avancer, en tant que ville, nation et communauté internationale », a déclaré M. Adams. « En l’an 2023, il n’y a tout simplement pas de place pour la discrimination raciale, de genre ou d’orientation sexuelle nulle part dans le monde ».