Le président sortant de l’Assemblée générale des Nations Unies estime que le monde est « en retard pour résoudre les plus grands défis mondiaux et atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) ». Volkan Bozkir s’est exprimé jeudi à New York lors d’une dernière conférence de presse à l’issue d’une année extraordinaire dominée par la pandémie de Covid-19. Abdulla Shahid, des Maldives, lui succédera au poste de Président de l’Assemblée générale pour la 76e session à la fin du mois.
Pour le diplomate et homme politique turc, la pandémie a mis à nu de nombreuses fausses hypothèses, telles qu’une diplomatie efficace ne nécessitant pas d’interaction face à face, ou l’idée que l’ONU ne pourrait pas gérer une crise d’une telle ampleur, ou encore que le monde continuerait inévitablement de devenir plus égalitaire, à la fois au sein des nations et entre elles. « Je pense que tous ces mythes se sont brisés. Le monde est beaucoup plus laid que nous ne le pensions », a-t-il déclaré.
La nécessité d’une diplomatie avec une interaction en face à face
Volkan Bozkir a dit avoir réalisé, dès le début, que la diplomatie ne pouvait pas être menée virtuellement. « Je pense que nous avons connu beaucoup de succès et bien que nous ayons encore un long chemin à parcourir, l’ONU est certainement plus vivante qu’elle ne l’a été en 17 mois », a-t-il déclaré. « On a été bien occupé, c’est le moins que l’on puisse dire ».
L’Assemblée générale a tenu 16 réunions de haut niveau, deux sessions extraordinaires et organisé des élections, y compris la reconduction du Secrétaire général, António Guterres, pour un deuxième et dernier mandat.
M. Bozkir a aussi souligné une « immense concentration sur la nécessité de faire face aux vulnérabilités des femmes et des pays pauvres ». En conséquence, deux conseils consultatifs ont été créés. Il pense que cette « initiative naissante continuera à se concentrer sur de vrais défis qui se perdent parfois dans le jargon de l’ONU ».
Selon M. Bozkir, l’année écoulée a souligné que les outils et mécanismes de prévention à la disposition de l’ONU ont besoin d’être révisés. « L’ONU ne peut pas ne faire que réagir aux crises. Cela doit être un organe préventif, qui doit agir plus tôt pour prévenir ou se préparer aux crises », a-t-il ajouté.
Au cours de l’année écoulée, l’Assemblée générale a accueilli des réunions sur des sujets d’actualité, comme la crise à Gaza, les droits de l’homme au Myanmar ou la situation humanitaire en Syrie. Le Président sortant a souhaité que l’organe « poursuive sur cette voie et ne recule pas devant les problèmes urgents qui affectent notre monde ».
Rationaliser le travail de l’Assemblée générale
Il a également évoqué le 75e anniversaire de l’ONU l’année dernière. Pour lui, l’occasion a clairement montré « que les États membres ont une foi et un engagement énormes envers les Nations Unies ». Enfin, il a laissé quelques recommandations à ses collègues et à son successeur.
Il pense qu’il est nécessaire de rationaliser et d’approfondir le travail de l’Assemblée générale. Pour lui, « le succès ne se mesure pas au nombre de réunions que nous avons, mais à leur qualité, leur format, leur impact ».
« Nous pourrions avoir 25, 30, 40 soi-disant réunions de haut niveau par an, mais cela est-il utile s’il y a peu de participation ou si c’est en désaccord avec les besoins du monde ? Non. Nous avons besoin de moins de réunions, plus intenses, qui sont directement liées au problème en question et auxquelles participent les dirigeants mondiaux », a-t-il conclu.