Les Nations Unies se sont alarmées, mardi à Genève, de la prolifération des discours de haine et des messages incitant à la violence en République démocratique du Congo (RDC).
« Je reste préoccupé par la prolifération des discours de haine et des messages incitant à la violence, à la discrimination et à l’hostilité, notamment en relation avec la compétition politique, le conflit armé dans l’est et les conflits intercommunautaires dans le reste du pays », a dit devant le Conseil des droits de l’homme, Christian Salazar Volkmann, Directeur de la Division des opérations sur le terrain du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH).
Pour l’ONU, un an avant les prochaines élections présidentielles, il est important que les auteurs présumés de ces messages soient traduits en justice et répondent de leurs actes, et que la situation sécuritaire ne se détériore pas davantage.
Le HCDH a ainsi invité Kinshasa à prendre sans délai les mesures nécessaires pour contrer ce phénomène. Une étape importante à cet égard pourrait être l’adoption et la mise en œuvre de la proposition de loi sur le racisme, le tribalisme et la xénophobie, actuellement en discussion au Parlement.
Ces discours de haine risquent de « précipiter certaines régions du pays vers la violence généralisée »
De son côté, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) a indiqué que les discours de haine et l’incitation à la violence et à l’hostilité constituent des obstacles majeurs à la cohésion sociale. De tels discours risquent de « précipiter certaines régions du pays vers la violence généralisée », a affirmé à Genève, Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo et Cheffe de la MONUSCO.
Pour lutter contre ces fléaux, la Mission onusienne a mis sur pied un groupe de travail sur la prévention et la réponse aux discours de haine. L’organisation du Forum de Kinshasa sur les discours de haine en juin dernier avec l’appui des Nations Unies a permis l’adoption d’une proposition de stratégie sous-régionale.
Par ailleurs, les Nations Unies ont constaté que la situation sécuritaire dans ce pays, plus particulièrement dans les provinces orientales congolaises, restait très préoccupante. Les mesures prises pour appliquer l’état de siège, entré en vigueur le 6 mai 2021 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, ne semblent pas avoir dissuadé les groupes armés d’attaquer les civils, notamment dans les sites de personnes déplacées.
Selon le Bureau de coordination de l’aide humanitaire, près de 5,5 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer en raison des violences. Sont aussi préoccupantes la résurgence du M23 dans le Nord-Kivu et ses attaques contre les civils et contre la MONUSCO, a ajouté M. Salazar Volkmann.
Inquiétudes face à la flambée de violence depuis juillet dans le Mai-Ndomb
Faisant écho à ces préoccupations, Mme Keita a fait part de son inquiétude face à la flambée de violence depuis juillet dans le territoire de Kwamouth, dans le Mai-Ndombe, dans la partie occidentale du pays. La Mission, a-t-elle indiqué, travaille avec les humanitaires pour soutenir les autorités dans la réponse, la lutte contre l’impunité et la recherche des solutions durables à ces conflits qui sont présents dans plusieurs provinces du pays.
Il faut à tout prix éviter une crise semblable à celle du Kasaï ou de Yumbi qui fait déjà l’objet de suivi par le Conseil, a insisté Mme Keita.
La Cheffe de la MONUSCO a d’autre part salué les efforts politiques des chefs d’État des sous-régions d’Afrique de l’Est et des Grands Lacs à travers les processus de Nairobi et de Luanda. « La neutralisation définitive de tous les groupes armés et la normalisation des relations entre la République démocratique du Congo et du Rwanda sont les objectifs ultimes recherchés », a fait valoir Mme Keita.
Plus largement, la Mission continue de soutenir ces initiatives. Elle coordonne ainsi ses actions et ceux de la prochaine force est-africaine avec laquelle un mécanisme de conformité devrait être mis en place afin de « s’assurer du respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire pendant les opérations militaires qui seront conduites sur le sol congolais ».