Alors que la faim continue de s’aggraver au Soudan du Sud en raison de la combinaison de la violence, du changement climatique et de la Covid-19, le plan de réponse humanitaire 2021 pour le pays a été lancé mardi. Il vise à apporter à 6,6 millions de personnes - dont 350 000 réfugiés - une aide et une protection vitales.
Le plan demande un financement de 1,7 milliard de dollars pour permettre aux agences d’aide des Nations Unies et à leurs partenaires de fournir une assistance vitale au pays. « Le Soudan du Sud est confronté aux niveaux les plus élevés d’insécurité alimentaire et de malnutrition depuis son indépendance il y a dix ans », a déclaré Jens Laerke, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), ajoutant que le plan vise à fournir à 6,6 millions de personnes une assistance et une protection vitales.
Le plan a permis d’identifier 8,3 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire, y compris des réfugiés, dans tout le pays. Cela représente une augmentation de 800 000 personnes en chiffres absolus par rapport aux 7,5 millions de personnes dans le besoin en 2020. « La violence et les conflits localisés dans de nombreuses régions du pays augmentent également les besoins humanitaires, et l’impact de la Covid-19 sur les marchés, les services et la capacité des personnes à se déplacer a encore accru leur vulnérabilité », a déclaré Jens Laerke.
Alerte aux inondations
Le Soudan du Sud devrait également connaître des inondations dévastatrices cette année encore. L’année dernière et en 2019, les inondations ont touché près d’un million de personnes. M. Laerke s’est inquiété du fait que la prochaine période de soudure au Soudan du Sud, de mai à juillet, allait « probablement être la plus sévère jamais enregistrée et les priorités immédiates du plan d’intervention sont de soutenir les livraisons dans les zones les plus exposées à l’insécurité alimentaire et de se préparer à cette prochaine saison des pluies qui pourrait, à nouveau, être dévastatrice ».
Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies estime que 60% de la population souffre de plus en plus de la faim. « Environ 7,2 millions des Sud-Soudanais ont été poussés dans l’insécurité alimentaire sévère en raison, une fois de plus, de la violence sporadique, des conditions météorologiques extrêmes et de l’impact économique de la Covid-19 », a déclaré le porte-parole du PAM, Tomson Phiri.
« Ce chiffre inclut plus de 100 000 personnes qui se trouvent dans les zones difficiles à atteindre de six comtés et qui sont menacées par la famine. Elles sont littéralement à un pas de la famine selon le rapport du Comité d’examen de la famine », a-t-il ajouté. Le PAM a intensifié son aide à Akobo, Pibor, Aweil West, Tonj North, Tonj South et Tonj East, pour atteindre 195 000 personnes vulnérables au début de 2021.
Stocks alimentaires en place
L’agence a commencé à prépositionner des stocks alimentaires avant la saison des pluies, « afin de garantir que l’aide alimentaire cruciale atteigne sans délai les populations les plus vulnérables pendant la période de soudure », a indiqué M. Phiri. Le PAM prévoit de fournir une aide alimentaire et nutritionnelle à plus de 5 millions de personnes au Soudan du Sud dans le cadre de ses programmes d’urgence, de nutrition et de subsistance.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a pour objectif de fournir une aide humanitaire à plus de 2,2 millions de réfugiés sud-soudanais vivant dans cinq pays voisins en 2021. Des millions d’habitants sont déplacés à l’intérieur ou à l’extérieur du Soudan du Sud. « La crise continue d’être celle des enfants, plus de 65% de la population réfugiée ayant moins de 18 ans », a déclaré Babar Baloch, porte-parole du HCR.
Les besoins restent élevés
Si certains progrès ont été réalisés dans la mise en œuvre du dernier accord de paix, les besoins humanitaires et de protection restent élevés pour la plus grande situation de réfugiés en Afrique. La majorité des réfugiés sud-soudanais sont accueillis dans des zones relativement éloignées et sous-développées.
« La pandémie de Covid-19 combinée aux défis liés au changement climatique, notamment les graves inondations, les sécheresses et le criquet pèlerin, ont aggravé une situation déjà désastreuse », a déclaré M. Baloch. « Des fonds sont nécessaires de toute urgence pour fournir une assistance vitale, notamment des abris, l’accès à l’eau potable, l’éducation et les services de santé ».
La République démocratique du Congo (RDC), l’Éthiopie, le Kenya, le Soudan et l’Ouganda continuent d’accueillir des réfugiés sud-soudanais et de prendre des mesures en vue de leur inclusion dans les systèmes nationaux.