Un an après le début de la guerre déclenchée par des factions militaires rivales au Soudan, deux hautes responsables de l’ONU ont une nouvelle fois appelé vendredi à redoubler d’efforts pour mettre fin à ce conflit dévastateur.
« En ce moment critique, outre le soutien mondial à l’aide humanitaire, nous devons redoubler d’efforts pour parvenir à la paix au Soudan », a dit la cheffe des affaires politiques de l’ONU, Rosemary DiCarlo, lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation au Soudan.
Elle a indiqué qu’au cours des quatre derniers mois, l’Envoyé personnel du Secrétaire général, Ramtane Lamamra, s’est engagé sans relâche avec un large éventail de parties prenantes nationales, régionales et internationales pour promouvoir la coordination des initiatives de médiation.
Redoubler d’efforts
Selon Mme DiCarlo, l’ONU est prête à redoubler d’efforts avec ses partenaires multilatéraux – notamment l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), la Ligue des États arabes et les principaux États membres et partenaires – pour contribuer à parvenir à une cessation durable des hostilités et à une médiation internationale inclusive et efficace.
Elle a noté que la plate-forme de Djeddah constituait « un véhicule prometteur pour le dialogue » et a espéré qu’elle sera reconvoquée dans les semaines à venir.
« Un nouvel effort en faveur de la paix signifie également poursuivre notre travail en faveur de la transition démocratique au Soudan – en soutenant et en autonomisant les civils – y compris les groupes de défense des droits des femmes et les jeunes », a dit la cheffe des affaires politiques, qui a salué les efforts déployés par l’Union africaine et l’Union européenne pour aider les civils soudanais à coordonner une position commune sur une transition politique inclusive au Soudan.
Elle a aussi félicité la France, l’Allemagne et l’Union européenne d’avoir accueilli la récente Conférence de Paris sur le Soudan et salué ses résultats, « notamment le soutien massif aux efforts humanitaires ».
Selon Mme DiCarlo, il faut s’appuyer sur la dynamique de la conférence de Paris pour intensifier les efforts visant à mettre fin aux combats et à remettre le Soudan sur la voie d’une démocratie inclusive et d’un redressement.
Un conflit sanglant
Depuis le début du conflit, plus de 14.000 personnes ont été tuées et des dizaines de milliers d’autres blessées. Au moins la moitié de la population du pays – 25 millions de personnes – a besoin d’une assistance, tandis que plus de 8,6 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, dont 1,8 million de réfugiés.
Des rapports font état d’un recours généralisé à la violence sexuelle comme arme de guerre ; du recrutement d’enfants par les parties au conflit ; et du recours massif à la torture et à la détention arbitraire prolongée par les deux parties.
Des milliers de maisons, d’écoles, d’hôpitaux et d’autres infrastructures civiles essentielles ont été détruites. La guerre a détruit de vastes pans des secteurs productifs du pays, paralysant l’économie. Parallèlement, de nombreux médias et organisations de la société civile ont été fermés, tandis que des centaines de défenseurs des droits humains et de journalistes ont été contraints de chercher refuge à l’étranger.
« En bref, c’est une crise aux proportions épiques », a dit Mme DiCarlo, notant que les parties belligérantes ont ignoré les appels répétés à cesser les hostilités. Elle a observé que le conflit qui a commencé dans la capitale Khartoum a depuis englouti de grandes parties du pays et continue de se propager.
Elle a réitéré l’appel du Secrétaire général à toutes les parties « à faire preuve de la plus grande retenue et à éviter de nouvelles effusions de sang ».
Un changement fondamental est nécessaire
De son côté, la Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires ( OCHA ), Edem Wosornu, a jugé nécessaire « un changement fondamental » dans le soutien au peuple soudanais.
« Le peuple soudanais ne peut pas attendre encore un mois, une semaine ou même un jour pour que ses souffrances cessent », a-t-elle dit. « Nous avons besoin de trois choses maintenant : une action renforcée de la part des parties pour protéger les civils et faciliter l’accès humanitaire ; le décaissement rapide des fonds pour la réponse humanitaire ; et un engagement international accru envers le Soudan pour faire taire les armes ».
Mme Wosornu a indiqué que l’ONU ferait tout son possible pour intensifier la réponse humanitaire. « Mais nous ne pouvons pas y parvenir seuls. Nous avons besoin de votre aide. Il est temps d’agir, avant qu’il ne soit trop tard. Des millions de vies dépendent de nous », a-t-elle dit aux membres du Conseil de sécurité.
Elle s’est félicitée de la conférence de Paris sur le Soudan organisée lundi et qui a abouti, selon elle, à plusieurs résultats.
« Premièrement, elle a abouti à de nouvelles promesses de financement pour la réponse humanitaire au Soudan et pour la réponse aux réfugiés dans les pays voisins – promesses qui doivent être décaissées le plus rapidement possible », a-t-elle souligné.
« Deuxièmement, la conférence nous a permis de faire avancer des discussions vitales sur l’accès humanitaire urgent », a-t-elle ajouté, notant enfin que la conférence de lundi « a permis d’attirer l’attention internationale sur le Soudan » alors que pendant une grande partie de l’année écoulée, le conflit est resté à l’écart des médias.