L’Union nationale fustige les mesures d’austérité annoncées par le gouvernement


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Le commissaire au budget du parti d’Opposition gabonaise l’Union nationale (UN, opposition), Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, a condamné, au cours d’un point tenu samedi à Libreville, les mesures de redressement des finances publiques annoncées par le gouvernement tout en remettant en cause la loi des finances rectificative 2018.

Le commissaire au budget de l’UN a dans son intervention, décliné les raisons qui amène son parti politique à s’opposer contre les mesures annoncées par le gouvernement. Au sujet des mesures de réduction de la masse salariale, il a relevé l’impossibilité, pour celles-ci, de réaliser les économies attendues.

« Concernant les mesures de réduction de la masse salariale, le Gouvernement laisse ainsi entendre que ces mesures, qui ne seront applicables que pour les six (6) derniers mois de l’année, sous réserve de faisabilité, permettront de réaliser une économie de 68,94 milliards de F CFA, soit 137,88 milliards de FCFA en une année pleine. Cela est tout simplement irréaliste. Et les ministres du Budget et de l’Économie ne peuvent l’ignorer », a-t-il dit.

S’agissant de la mise sur bons de caisse des fonctionnaires, il a contrattaqué en disant que le FMI, qui assiste le gouvernement dans la prise des ces mesures d’austérité, devrait préalablement chercher à connaître les résultats des précédents recensements des agents publics effectués précédemment en 2009 et 2017.

« Comment comprendre que l’on puisse, dans la situation actuelle de crise économique, priver le système bancaire de plus de 50 milliards de trésorerie ? Qu’en sera-t-il des frais financiers qu’occasionnera cette mesure, sur le remboursement des crédits contractés par certains fonctionnaires auprès de leurs banques ? Est-ce sérieux d’oser envisager cela ? », s’est-il interrogé.

Concernant la mesure relative à prendre seulement en compte les reclassements et avancements à partir de 2015, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi a dit que « cette mesure vient simplement officialiser le blocage officieux de ceux-ci depuis plusieurs années. Elle constitue tout simplement un endettement de l’État auprès des fonctionnaires ».

Le gel des recrutements et la dénonciation des contrats des contractuels de l’état et leur mise en retraite immédiate. Pour lui, c’est une manière de vouloir transformer les hôpitaux en « véritables mouroirs », « enterrer l’école » et « hypothéquer l’avenir de la jeunesse ».

« Cette année, ce sont plus de 23.000 jeunes qui se présentent au Baccalauréat et plus de 15.000 sortiront des universités. Est-ce ainsi que l’on veut améliorer la formation de notre jeunesse et préparer leur insertion dans la vie active ? Ce gel des recrutements alors qu’on annonce des mises en retraite et la dénonciation systématique des contrats de certains agents, oblige l’Union Nationale à s’interroger sur le sort que le gouvernement entend réserver, trois ans durant, aux nombreux étudiants en fin de cycle dans les universités et grandes écoles au Gabon et à l’extérieur. Pour tous ces jeunes qui sortiront des universités, c’est le chômage assuré dès lors que les entreprises, du fait d’une dette abyssale de l’État, ne peuvent plus embaucher ; qu’aucune vraie politique d’entreprenariat n’a pas été mise en place, et que les banques qui auraient pu accompagner cette politique sont frileuses à accorder des crédits sans garantie aux primo entrepreneurs », a-t-il déclaré.

Réagissant sur la loi des finances rectificative, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi a affirmé que ce budget adopté n’est « ni sincère, ni crédible ». « Si les ressources propres du budget de l’État avaient suivi la même évolution que la croissance économique du pays, elles seraient de 3.809 milliards de F CFA en 2018 et non 1909 milliards de F CFA. La mobilisation des ressources propre est donc, en 2018, deux fois inférieure à ce qu’elle aurait dû être », a-t-il fait constater.

De même qu’il a relevé que les « dépensent ne prennent pas en compte les condamnations de l’État pour non paiement des indemnités des services rendus aux fonctionnaires retraités qui représentent plus de 100 milliards de FCFA et que l’Agence Judiciaire de l’État est mis en demeure de payer ».

Fort de cette logique, l’UN a appelé à la mobilisation lors des prochaines élections législatives qu’elle veut voir de tenir au plus tard en septembre, pour empêcher la mise en œuvre des mesures annoncées par le gouvernement.