Depuis plusieurs mois, le Gabon est secoué par une crise silencieuse mais brutale : le non-paiement des rappels dus aux agents publics. Ces rappels — majorations de salaires, avancements, intégrations ou régularisations administratives — ne sont pas des faveurs. Ce sont des droits légaux que l’administration s’est engagée à honorer. Pourtant, des milliers de fonctionnaires attendent depuis des années le versement de ces sommes, pendant que la communication gouvernementale se perd en promesses sans lendemain. Dans cette tribune libre, un collectif des salariés et fonctionnaires gabonais s’insurge contre la gestion du ministre des Comptes publics et de la dette, Charles René M’ba Ekome. Lecture
Il y a des ministres qui œuvrent pour la nation, et il y a ceux qui s’érigent en gardien du déni, comptable du mépris, et architecte du blocage social. Charles M’ba, ministre des Comptes publics et de la Dette, s’est hissé au sommet de cette seconde catégorie, avec une arrogance technocratique devenue insupportable pour des milliers de Gabonais laminés par l’injustice.
Les rappels impayés — ces dus légitimes aux agents publics pour des avancements, intégrations ou promotions jamais régularisés — sont aujourd’hui le symbole de la trahison de l’État envers ses propres serviteurs. Et dans ce naufrage moral et administratif, Charles M’ba trône en capitaine cynique, brandissant sa calculette comme un couperet sur la dignité des fonctionnaires.
Au cœur de ce marasme administratif et financier, un nom revient avec insistance : Charles M’ba, actuel ministre des Comptes publics et de la Dette. Pour beaucoup, il incarne aujourd’hui un frein au règlement des rappels et, plus largement, un obstacle au développement humain et à la justice sociale dans la gestion des finances publiques.
Un blocage politique déguisé en rigueur budgétaire
Officiellement, le ministère plaide pour une maîtrise de la masse salariale et une rationalisation des dépenses publiques, dans un contexte budgétaire « tendu ». Mais dans les faits, ce discours masque mal un refus idéologique et stratégique de prioriser les ressources humaines de l’État.
Le ministre Charles M’ba, connu pour son style autoritaire et sa rhétorique technocratique, impose une lecture strictement comptable de la fonction publique : l’agent de l’État devient une variable d’ajustement, alors qu’il devrait être un acteur clé du redressement national.
Des fonctionnaires humiliés, un climat social miné
Le non-paiement des rappels crée une frustration croissante dans les rangs de l’administration publique, particulièrement chez les enseignants, les agents de santé, les policiers, et les jeunes intégrés à la Fonction publique après des années de précarité. Plusieurs collectifs dénoncent un traitement inhumain et une stratégie de pourrissement visant à décourager toute contestation.
Pire encore, pendant que les rappels restent impayés, des dépenses opaques, des marchés publics surfacturés et des avantages indus continuent d’être validés au sommet de l’État. Une dualité qui alimente un sentiment d’injustice et de mépris institutionnel.
Un homme, un système ?
Si Charles M’ba incarne aujourd’hui ce blocage, il est aussi le produit d’un système technocratique déconnecté des réalités sociales, où les priorités sont dictées par des indicateurs budgétaires, souvent en décalage avec les urgences du terrain.
Mais son obstination à refuser des déblocages partiels, à geler des dossiers validés par les autres administrations, et à s’opposer frontalement aux revendications sociales, en fait aujourd’hui le symbole d’une gouvernance froide, brutale et inadaptée.
Un gestionnaire de la misère, pas un bâtisseur
Il faut dire les choses clairement : Charles M’ba n’est pas un gestionnaire rigoureux. C’est un ministre de la pénurie organisée. Un comptable de la régression sociale. Sous prétexte de maîtrise budgétaire, il sacrifie l’humain. Il pense chiffres, jamais vies. Il parle ratios, jamais souffrances. Il incarne ce type de bureaucrate hautain, éloigné de tout bon sens, mais attaché à son pouvoir de blocage comme un despote à son sceptre.
Un ministre contre le peuple
Plutôt que de reconnaître la légitimité de ces rappels, ce ministre choisit de nier, d’ignorer, de temporiser, comme si les agents de l’État mendiaient une faveur. Son discours est froid, mécanique, méprisant : “ On ne peut pas tout payer”, “Ce n’est pas une priorité budgétaire”, “Il faut assainir” . Assainir quoi ? Le droit ? La justice ? L’espoir ? Et ce, malgré les instructions des plus hautes autorités de l’Etat en tête desquelles le Président de la Transition, nouvellement élu, Brice Clotaire Oligui NGUÉMA.
Pendant que des familles attendent depuis 5, 10, parfois 15 ans leur dû, Charles M’ba s’enferme dans une logique de blocage obsessionnel, refusant systématiquement les déblocages partiels, étouffant les initiatives d’autres ministères plus humains, torpillant les revendications légitimes. Le développement du pays ? Il le freine. La paix sociale ? Il la met en péril. La dignité des fonctionnaires ? Il la piétine.
Le coût du mépris : quand le non-paiement des rappels devient un frein au développement
Les conséquences de cette crise dépassent la seule sphère des fonctionnaires. En bloquant les rappels, l’État comprime le pouvoir d’achat, affaiblit l’économie locale et détruit la confiance des citoyens dans l’appareil public. Il hypothèque l’avenir de dizaines de milliers de familles et fragilise les efforts de redressement économique annoncés par le gouvernement de transition.
Il est temps que le Gabon reconnaisse que le développement ne peut pas être décrété d’en haut sans justice sociale. Le paiement des rappels n’est pas une faveur, c’est un impératif moral, politique et économique.
Un système toxique avec un visage
Ce n’est pas seulement de technocratie qu’il s’agit ici. C’est d’un cynisme politique assumé. Charles M’ba sait ce qu’il fait. Il instrumentalise le budget pour garder le contrôle, quitte à étouffer les aspirations de tout un peuple. Son ministère, au lieu de devenir un outil de relance, s’est transformé en machine à humilier les agents publics.
Il faut le dire haut et fort : le plus grand obstacle à la justice sociale et à la relance économique du Gabon aujourd’hui, c’est lui.
Trop, c’est trop
Les rappels impayés ne sont pas une ligne de dépense parmi d’autres. Ce sont des droits bafoués, des vies suspendues, des dettes morales impayées. En refusant de les honorer, le régime de transition se tire une balle dans le pied, et Charles M’ba appuie sur la gâchette avec un sourire glacial.
Il est temps que ce ministre cesse d’agir en monarque du mépris budgétaire. Il est temps que le Gabon sorte de cette logique destructrice qui consiste à asphyxier les siens pour plaire aux bailleurs ou aux tableaux Excel.
Et s’il n’en est pas capable, alors qu’il parte.
Collectif des salariés et fonctionnaires gabonais